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vendredi 17 janvier 2014

NETANYAHOU EN VISITE EN JORDANIE


NETANYAHOU EN VISITE EN JORDANIE
Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

            
          Benjamin Netanyahou s’est rendu, le 16 janvier 2014, en visite surprise auprès du roi Abdallah II de Jordanie. Il ne s’agit pas d’une première mais elle revêt une signification cruciale à quelques semaines de la date butoir pour les négociations de paix israélo-palestiniennes. Le premier ministre avait déjà effectué trois visites durant l’année 2013.


Entretiens à huis clos

Le palais royal de Jordanie a confirmé que des discussions à huis clos ont eu lieu entre les deux dirigeants sur les «développements dans le processus de paix et les négociations israélo-palestiniennes parrainées par les États-Unis». Depuis l’accord de paix de 1994, la Jordanie entretient des relations cordiales avec Israël. D’ailleurs, le 9 décembre dernier, un accord avait été signé avec Sylvain Shalom pour la création d’un canal qui reliera la Mer Morte à la Mer Rouge. Le ministre israélien avait jugé cet «accord historique car il réalise rêve de Herzl».


Le roi de Jordanie est au centre des négociations puisqu’il avait reçu, durant ces derniers jours, successivement le président Mahmoud Abbas et le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Il semble qu’il ait été mis à contribution pour débloquer l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix en raison des positions tranchées des deux parties. Les thèses restent inconciliables tant que les Palestiniens insisteront pour considérer les lignes de 1967 figées avec pour conséquence d'inclure non seulement la Cisjordanie mais Jérusalem-Est et Gaza comme territoires devant faire partie du nouvel État. De son côté, Netanyahou veut garder les grosses implantations, refuse de diviser la Capitale et insiste pour que les Palestiniens reconnaissent Israël comme la patrie du peuple juif.
Réfugiés syriens en Jordanie

La Jordanie est partie prenante dans ces négociations, d’une part parce qu'elle est concernée par la définition de sa frontière avec le nouvel État palestinien mais surtout parce qu’elle a accueilli des centaines de milliers de réfugiés palestiniens qui ont acquis le droit définitif de séjourner dans le Royaume. C'est pourquoi de nombreux Israéliens considèrent la Jordanie comme la patrie des Palestiniens. C’est la raison aussi pour laquelle, depuis sa défaite de 1967, le royaume n’a jamais pris de position tranchée en restant à l’écart des conflits pour éviter une scission au sein de son peuple. Suite au conflit syrien, il vient encore d’accueillir de nombreux réfugiés palestiniens qui risquent de déstabiliser l’équilibre précaire en Jordanie et de permettre à des éléments perturbateurs, missionnés par des intérêts étrangers, de s’infiltrer parmi les réfugiés avec l’intention de renverser le régime jordanien.

Accord secret avec Abbas


Déjà en avril 2013 Mahmoud Abbas s’était rendu secrètement à Amman pour signer un accord avec le roi. La validité de cet accord reste sujette à caution car, juridiquement, le président de l’Autorité n’a pas été officiellement reconduit dans ses fonctions. Le président est arrivé à l'expiration de son mandat depuis plusieurs années et il n'a pas fait procéder à de nouvelles élections. Il assure seulement la gestion des affaires courantes et les grandes décisions engageant l’avenir des palestiniens lui sont en principe interdites. L’accord signé dans le secret des cabinets reconnait au roi de Jordanie la responsabilité de la garde des Lieux Saints musulmans, en particulier la mosquée d’Al-Aqsa, avec le droit de les protéger par tous les moyens qu’il jugera utiles.
Benjamin Netanyahou s’était rendu lui-aussi secrètement, en décembre 2012 en Jordanie pour aborder avec Abdallah II les termes de l’accord signé avec Mahmoud Abbas en autorisant que des commissions politiques et juridiques travaillent dans le plus grand secret. Les opposants au chef de l’Autorité palestinienne ne contestent pas le choix du gardien des Lieux Saints mais ils craignent que la signature de cet accord, sans consultation du parlement palestinien dont la mandat a aussi expiré, crée un précédent. Ils redoutent que Mahmoud Abbas ne soit entraîné dans la signature d’autres protocoles avec Israël mettant en jeu cette fois des concessions palestiniennes.
Il ne fait aucun doute que Mahmoud Abbas a pris acte de la faiblesse de sa position et de la perte de sa crédibilité, à la fois auprès des Palestiniens mais aussi auprès des Occidentaux. En signant cet accord avec le roi, il a voulu partager avec lui les décisions cruciales concernant l’avenir de la Palestine et lui faire endosser une partie de cette responsabilité. Mais cet accord sous-entend la résolution du problème palestinien à travers la création d’une confédération entre la Jordanie et une entité évaluée à maximum 50% de la Cisjordanie. Cela réglerait ainsi la création d’un État croupion qui n’aurait de viabilité qu’adossé au royaume de Jordanie. 

Par ailleurs, en attribuant la garde des Lieux Saints musulmans au roi de Jordanie, le problème de Jérusalem, pierre d’achoppement de toute négociation, serait en partie résolu. La Jordanie entérinerait ainsi la souveraineté d’Israël sur toute sa capitale, exceptés les Lieux Saints musulmans et peut-être quelques quartiers totalement arabes qui seraient cédés aux palestiniens via la Jordanie.

Solution sécuritaire

L’attitude du roi a évolué devant les informations sécuritaires fournies par les Occidentaux et par le Mossad israélien faisant état d’infiltrations en Jordanie d’un nombre croissant de salafistes djihadistes, évalué alors à 500 combattants, qui n’ont pas hésité pas à affronter la police jordanienne. Mais la situation a évolué en mars 2013 avec l’arrivée massive de plus de 5.000 combattants syriens lourdement armés, installés dans des camps jordaniens. Le roi de Jordanie ne peut plus faire face à un afflux de réfugiés atteignant près d’un demi-million de personnes sur une population de 6 millions.
Djihadistes en Jordanie

Il craint à la fois pour la situation économique de son pays mais aussi pour la sécurité de son royaume. Il ne peut plus contrôler cette arrivée massive de combattants djihadistes qui mettent en danger l’équilibre, non seulement en Jordanie, mais aussi au Liban, en Irak et même en Turquie. C’est pourquoi la Jordanie est passée du stade de la neutralité au stade opérationnel. Ce choix lui a été imposé malgré elle.
Les préoccupations du roi Abdallah II reflètent «son souci de parvenir à un progrès tangible dans les négociations israélo-palestiniennes pour répondre aux aspirations du peuple palestinien, et dans le même temps pour protéger les intérêts jordaniens les plus élevés». Il est acquis dorénavant que le règlement du conflit israélo-palestinien nécessitera un accord tripartite dans le cadre d’une confédération si l’on veut que le futur État palestinien soit viable. 

3 commentaires:

Betty OZARNOT a dit…

Je pense que le Roi de Jordanie, doit travailler la main dans la main avec l'Etat d'Israël, si'l ne veut pas valser dehors de son Royaume. Les Palestiniens n'ont aucune parole et leur faire confiance est une erreur.

Jean TAIEB a dit…

Déjà qu'il est sur un siège éjectable, comme pour ASSAD, c'est lui qui pourra conserver la main sur son royaume ou les rebelles islamistes qui le jetteront dehors et qui n'attendent qu'une occasion de le faire.

Anonyme a dit…

Le roi de Jordanie n'est qu'un intermédiaire de secours. Il n'a pas le droit de parler ni de décider au nom des palestiniens. Isarël non plus, sauf par la force, mais la force n'est qu'un moyen de gagner du temps.
Concernant Assad, je crois que tout ceux qui ont souhaité l'éjecter sont en train de faire un virage à 180 degré