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dimanche 16 août 2015

LE FAIT DU PRINCE EN ISRAËL



LE FAIT DU PRINCE EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



          La vie politique en Israël donne l’impression de ressembler à un vaudeville. Le gouvernement affiche un sentiment d’impuissance qui tourne parfois au ridicule et pourtant la situation est critique. Les citoyens souffrent des polémiques et des manipulations parce que le seul objectif de nos gouvernants est de garder le pouvoir ou d’éloigner les concurrents les plus dangereux. 
          Comme dans une monarchie, le fait du Prince s’applique à toutes les occasions. Avec le risque de tomber dans le chaos ou la comédie grotesque, la vie publique échappe de plus en plus aux citoyens, otages d’hommes politiques narcissiques qui naviguent à courte vue avec pour seul horizon une carrière politique, la plus longue même s’ils doivent user de démagogie ou d’imposture.  



Shehita ashkénaze



          Les premiers à avoir donné de la voix ont été les orthodoxes qui estiment avoir de nouveaux droits après leur exclusion du gouvernement pendant deux ans. Ils veulent à présent une part du gâteau même si la population doit en souffrir. L’histoire est simple. Depuis de nombreuses années, en raison d’une insuffisance de production bovine locale, Israël est contraint d’importer de la viande d’Amérique du Sud. Des shohet, spécialistes dûment autorisés et formés aux lois de la shehita, sont chargés du rite juif d’abattage par jugulation pour rendre la viande cacher, propre à la consommation juive. Des délégués, payés par les importateurs et jusqu’à présent en majorité séfarades, sont ainsi envoyés par période de trois mois pour organiser la shehita sur place, suivie d'autres procédures destinées à séparer la viande consommable des parties prohibées par la Loi religieuse.
          Les orthodoxes ashkénazes, entrés au gouvernement à l’occasion du dernier remaniement ont estimé devoir tirer profit d’une manne qui devait aussi bénéficier à leur ouailles et pas seulement aux séfarades. Ils ont donc imposé la création de contrôleurs rabbiniques ashkénazes chargés de superviser les shohet, et cela bien sûr aux frais des entreprises qui ont refusé  de prendre en charge le surcoût de ces nouveaux emplois. La direction rabbinique a décidé par représailles de leur enlever le cachet de la cacherout s’ils ne payaient pas ces contrôleurs purement inutiles. L’abattage a été suspendu et les importations ont cessé, créant en Israël une pénurie d’autant plus grave que les délais d’acheminement de la viande pouvaient avoir des répercussions sur les stocks durant les fêtes de septembre.
          Le gouvernement a donc autorisé l’utilisation des stocks sécuritaires d’urgence qui ont entraîné, par la loi de l’offre et de la demande, une augmentation des coûts de la viande de l’ordre de 30%. Le Contrôleur de l’État a été saisi mais le rabbinat orthodoxe maintient sa décision : le fait du Prince.

La diplomatie en danger

          Les diplomates israéliens n’ont plus le droit à la parole depuis que Benjamin Netanyahou gère leur ministère. Les nominations deviennent des décisions politiques et non diplomatiques. Les professionnels ne manquent pas au ministère des affaires étrangères mais les choix sont faits en dépit du bon sens.
Ygal Palmor

          Le cas d’Ygal Palmor est flagrant. Il a acquis une grande expérience dans différents postes à Madrid et Paris, a servi comme directeur adjoint du département des institutions européennes, et plus tard comme directeur du département du Maghreb, de Syrie et du Liban département. D’août 2008 à 2014 il a été le porte-parole multilingue du ministère des affaires étrangères pendant les deux guerres de Gaza. Il a défendu dans toutes les chaînes internationales de télévision, avec brio, la position pourtant difficile d’Israël. Les journalistes l’ont élu en février 2013 le «meilleur porte-parole du gouvernement».
          Maniant la langue française avec art, le poste d’Ambassadeur à Paris devait lui revenir en priorité car les parlants français manquent. Mais on lui a préféré en 2010  Yossi Gal, qui ignorait tout de la langue de Molière et de la psychologie française, ce qui l’a éloigné des plateaux de télévision, laissant ainsi la place à tous les ennemis d’Israël. 
Aliza Bin-Noun

          Ce fut le cas encore en septembre 2015 lorsque la favorite du gouvernement, Aliza Bin-Noun, nommée ambassadrice d’Israël, lui a été préférée. C’est certes une professionnelle de talent, mais au moment où les organisations gauchistes et pro-palestiniennes se déchaînent en France, on avait besoin d’un diplomate qui s’exprime avec aisance pour une défense de qualité face à des extrémistes qui font de plus en plus le coup de poing aux côtés des journalistes. Ygal Palmor a démissionné du ministère, une perte pour la diplomatie israélienne.
Fiamma Nirenstein

          Dans le cadre de ces nominations de circonstance figure celle de l'ambassadrice d'Israël en Italie avec prise de fonctions en août 2016. Proche de Berlusconi, Fiamma Nirenstein, née à Florence, journaliste, écrivain et politicienne italienne n'a jamais figuré dans les listes des diplomates israéliens. Les mauvaises langues disent qu'elle parle à peine l'hébreu courant. Mais Netanyahou en a décidé ainsi, le fait du Prince.
  
L’intrus au gouvernement



           Une autre décision politique dénuée de bon sens vient de tomber puisqu’un «faucon» du Likoud vient d’être désigné pour représenter Israël à l’ONU, au moment où les Palestiniens utilisent toutes les ficelles internationales pour mettre Israël en difficulté et où les relations avec les États-Unis connaissent un moment difficile. Les diplomates ont été les premiers surpris par cette nomination de cour qui les fait apparaître comme les premières victimes.
          Mais cette nomination est purement politique. Elle entre dans les méthodes de Netanyahou d’éliminer ou d’écarter systématiquement les gens qui lui font de l’ombre. Ce fut le cas dans le passé de Naftali Bennett puis de Moshé Kahlon, ensuite plus récemment du ministre Guidéon Saar, l’étoile montante du Likoud. Et aujourd’hui le challenger le plus dangereux devait été exilé pendant quelques années pour se faire oublier des militants du parti.


          Mais, sauf à le voir changer au contact du pragmatisme de la diplomatie, Dany Danon n’est pas «the right man at the right place» parce qu’il a des positions extrêmes tranchées, plusieurs fois exprimées publiquement.  Il est opposé à la création d’un État palestinien, il est partisan d’annexer les implantations de Cisjordanie et de couper l’approvisionnement en eau et en électricité de la bande de Gaza. Il aura du mal à s’intégrer à l’ONU parmi certains diplomates étrangers, souvent de gauche et toujours fermés aux thèses israéliennes. Sa voix risque de ne pas être entendue. 
          Les diplomates israéliens sont révoltés mais muets pour ne pas être punis de blâme comme ceux qui, il y a quelques mois, avaient osé émettre des réserves sur la politique diplomatique suivie par Israël. Mais Netanyahou a tranché, le fait du Prince

4 commentaires:

Claude a dit…

Ainsi qu'on peut le constater chaque jour dans le monde, le "Fait du Prince" n'existe pas seulement en Israël, mais sur la planète toute entière.
Ces messieurs qu'on nomme "grands" sont partout accrochés à leur siège, entourés qu'ils sont par des courtisans qui restent dans l'ombre afin de ne pas gêner leur "commerce du pouvoir"... C'est tout simplement ce que l'on peut appeler une monarchie qui fait fi de ses administrés qui nourrissent l'appétit de ces oligarques avec leurs taxes grandissantes.
L'exemple de Jacques est flagrante dans le domaine qu'il vient d'évoquer.
Il se peut que notre cher premier ministre, et je le mets volontairement en "minuscule", se fait directement livrer les viandes de son shabbat, en passant au dessus des règles élémentaires, mais quelque peu dépassées dans notre monde actuel.
En un mot, Israël est devenu un pays comme un autre !!
Claude

Elizabeth GARREAULT a dit…

De plus en plus désolant mais bon, c'est ce que les électeurs ont choisi.Ils sont prêts à tout endurer, fermer les yeux sur la corruption et les manoeuvres des oligarques et des instances rabbiniques, continuer à défendre les politiciens qui se partagent les meilleurs postes, supporter tous les dysfonctionnements de la justice et de la police...du moment qu'on leur raconte que le monde entier nous déteste et qu'on ne cédera pas un pouce de la terre sacrée d'Israël, ça leur suffit.

Fernand COHEN-TANNOUDJI a dit…

Bibi n'est pas différent de ses prédécesseurs, la vitamine P est la seule qui marche...partout...a l’armée, dans la police, les services de sécurité....la justice ou les postes réservés, les grandes familles, les marches d'etats ( La Potasse de Gauche ou le Gaz de Droite).....les articles de Jacques devraient être OBLIGATOIRES dans les OULPANS !(en hebreu of course) ....(rien a voir avec la haine du juif et de l’Etat des juifs dans le monde...ni l'annexion de la Judee Samarie qu'aucun gouvernement de droite ou de gauche n'a tranche)....

Claude a dit…

... Tu as raison Fernand !
Les articles de Jacques devraient être enseignés et faire l'objet de thèmes de discussions dans les oulpan, et principalement auprès de nos jeunes, y compris dans nos écoles..
Claude