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samedi 3 mars 2012

CRISE HUMANITAIRE DE GAZA : UN CHOIX POLITIQUE



CRISE HUMANITAIRE DE GAZA : UN CHOIX POLITIQUE
Par Jacques BENILLOUCHE

                 
Gaza Photo : alresalah

          Avec la saison du froid et les pluies inhabituelles dans la région, de nombreuses photos circulent pour dénoncer que Gaza est au bord de la crise humanitaire. Il est certes difficile de rester insensible à la misère humaine et à la souffrance d’une population qui souffre. Les rues inondées, l’absence d’égouts d’évacuation conformes aux règles élémentaires, des trottoirs inexistants et des quartiers insalubres concourent à donner une vision catastrophique du destin des arabes de la bande. Gaza, cependant, n’aurait rien à envier à la ville de Naplouse que nous avons visitée il y a quelques semaines et qui semble elle-aussi volontairement à l’abandon parce que l’argent est utilisé à d’autres fins.

Coupures d’électricité


Centrale électrique Gaza

Israël est bien sûr montré du doigt et accusé de la détérioration de la situation. Or selon les dirigeants du Hamas, la centrale électrique de Gaza a été arrêtée par manque de combustible, en provenance d'Égypte, entrainant des coupures d’électricité. L'ingénieur Walid Saad Sayel, directeur général de l'usine électrique de Gaza, explique cette carence par les «dissensions politiques internes et a appelé toutes les parties concernées à ne pas utiliser le secteur énergétique dans la crise politique». L’argent ne manque pas puisque l’Union Européenne paie tous les mois 10 millions d’euros pour le coût du carburant fourni par Israël vers la centrale électrique de Gaza. Mais pour limiter la corruption, l’UE a décidé de verser cette somme directement à l’Autorité palestinienne de Ramallah qui l’utilise pour faire pression, en tardant à verser au Hamas le coût du combustible.
Pour des raisons politiques, les islamistes de Gaza ont décidé, en janvier 2011, de cesser de s’approvisionner en combustible auprès d’Israël et ont préféré l’importer depuis l’Egypte. La souffrance des civils palestiniens est donc aggravée, en cette saison froide, par la seule volonté des clans palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Les coupures ont également touché lourdement les commerces tandis que les produits surgelés disparaissent progressivement du marché. Aboul-Omrein, directeur de l’information au Département de l’Energie à Gaza, confirme que les discussions avec l’Egypte sur la fourniture du diesel nécessaire pour faire fonctionner la centrale n’ont donné «que des promesses non tenues» qui ont mené au black-out. Le système D permet cependant à des gazaouis d’utiliser des brûleurs à kérosène pour remplacer l’électricité, avec tous les risques que cela comporte.

Risques sanitaires


Gaza, éclairage à la bougie

Le Directeur des relations publiques, Ashraf Al-Qudra, tente de noircir la situation en mettant en garde l’occident sur les risques sanitaires dans les hôpitaux où 100 bébés en couveuses et 404 patients risquent de pâtir de l’absence d’électricité dans les équipements médicaux. Mais les hôpitaux ne sont pas seuls à se faire du souci : 200 puits, 40 pompes pour les eaux usées, quatre usines de traitement des eaux usées et 10 grandes stations d’épuration risquent de s’arrêter si la crise n’est pas résolue. 
Hôpital de gaza
Cependant, il est une constante des dirigeants du Hamas de faire pleurer dans les chaumières sur le sort des enfants et des vieillards alors qu’il s’agit d’une guerre interne entre palestiniens. Alors comme d’habitude, on accuse le blocus de Gaza imposé par Israël d’être à l’origine de tous les maux tandis que des centaines de camions traversent tous les jours les postes de contrôle entre Gaza et Israël.
Le gouvernement du Hamas pointe le manque d’argent pour justifier la baisse de 33 euros imposée aux fonctionnaires pour payer la facture électrique qui s’est accrue parce que les circuits d’approvisionnement ne sont pas normaux. La Ligue Arabe avait pourtant proposé au Hamas une connexion au réseau régional de sept pays arabes mais les factions palestiniennes ne sont pas tombées d’accord.  Mahmoud Abbas impose d’abord une véritable réconciliation entre «frères» avant de signer tout accord avec Gaza.

Budget mal utilisé


SA-24

Mais le Hamas ne manque pas d’argent. Il oriente mal son budget car il le dépense à des fins militaires, au détriment de sa population qui reste privée du minimum vital au nom du combat à préparer contre Israël. Il  a acheté auprès des libyens des dizaines de missiles russes SA-7 et SA-24 (version du Stinger américain) qu’il compte utiliser contre les avions civils. Un seul missile pourrait permettre de subvenir aux besoins de dizaines de familles pendant une année. Il a acquis d’autre part des centaines de roquettes Grad, des missiles antichars et des armes de tout calibre. 
L’acquisition de mines marines, capables de dériver, a pour but de semer le trouble en Méditerranée. L’argent est gaspillé en grande quantité pour des objectifs militaires alors que la bande de Gaza a besoin d’investissements civils pour redonner goût à la vie à une population qui vit sous le joug islamique et qui reste l’enjeu d’une querelle entre factions palestiniennes.
Alors, les photos sont certes tristes à voir, surtout celles où l’on ne montre que des femmes et des enfants dans la misère. Mais la volonté des dirigeants du Hamas de figer vers le bas une situation dramatique  a un but purement politique. Ils veulent maintenir un abcès de fixation dans la région afin de justifier les tirs quotidiens de roquettes vers le sud d’Israël. Cependant, en éclairant ainsi l’opinion occidentale, elle pourrait ne plus être dupe de la mise en scène de l’horreur à des fins politiques. 


  

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