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samedi 17 novembre 2012

LES IMAMS DE LA PAIX : PAROLES ET ACTES


LES IMAMS DE LA PAIX : PAROLES ET ACTES
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright© Temps et Contretemps


Les imams à Jérusalem

                Tout devient relatif quand les mots se télescopent aux actes. La délégation des imams de France était reçue dans la résidence de l’ambassadeur de France, à Jaffa, pour dialoguer de paix. Il faut avouer que ses membres font preuve d’un courage à toute épreuve car ils risquent de subir, en rentrant chez eux, les représailles de ces musulmans qui ne supportent pas que l’on fréquente les israéliens et surtout que l’on parle de paix avec eux.
 

Missiles envoyés depuis Gaza

            La conférence de presse était commencée quand, ce jeudi 15 novembre 2012 vers 18h40, la sirène d’alerte retentissait pour nous remettre dans la réalité du quotidien en Israël. C’était d’abord un sentiment confus de surprise qui nous envahissait. Nous sommes habitués à des exercices répétés de sirène et cela ne pouvait être encore qu’un exercice de plus pour préparer la population civile. Il fallut se rendre à l’évidence quand le bruit de deux explosions fit vibrer la résidence ; l’incident était tout prêt, dans le ciel, à quelques encablures de nous, au sud de Tel-Aviv, la capitale économique qui ne dort jamais. On s’y attendait certes mais l’on mettait sur le compte de l’esbroufe les menaces venues de Gaza.

La surprise était totale, point de panique mais beaucoup de curiosité car comme dans toutes les premières historiques, il fallait imprimer le souvenir du premier missile qui tombait à quelques pas d’où nous nous trouvions. Comme me l’avait téléphoné une amie d’Ashdod : «bienvenue au club». Mais notre club balbutie encore ; il fait ses premiers pas qui ne peuvent pas être comparés aux 10 à 15 alertes quotidiennes dans certaines villes du sud du pays. Mais c’était un aperçu, une sorte de tentative pour nous faire toucher du doigt et de l’oreille le drame vécu par des populations innocentes. La sensation d’une sirène interminable et l’attente de la sanction divine, qui pouvait frapper de manière aléatoire, donnaient aux invités le décor de ce que le sud endure. L’impression de n’être plus rien et de ne pouvoir faire évoluer les évènements par sentiment d’impuissance

Puis immédiatement après, imperturbables, les imams ont continué leur conférence de presse avec certes, la sensation d’avoir vécu un moment historique. Ils étaient venus parler de paix, de réconciliation, d’unité et ils étaient accueillis par des missiles pour prouver la relativité de nos actes et de nos paroles.
Les imams avec Christophe Bigot à Yad Vashem
 

Les imams rentreront en France en rapportant avec eux un petit bout de l’angoisse du civil martyrisé, avec le sentiment qu’ils prêchent dans un désert d’incompréhension et de haine. Ils garderont en mémoire, comme nous-mêmes, le son de cette sirène qui retentit dans un petit bout de France, de la France de la paix et de la compréhension. Probablement,  l’ambassadeur Christophe Bigot, qui avait rendu le jour même visite aux victimes de la ville de Kyriat Malachi, ne doit pas être pas mécontent de cette péripétie dans sa résidence qui a connu des travaux pratiques douloureux. On n’est jamais aussi expert que lorsque l’on touche du doigt la réalité du monde dérangé dans lequel l’on vit, surtout lorsqu’il s’agit de missiles envoyés par des musulmans que les imams invités sont censés représenter.

Il nous restera toujours, à l’avenir, une appréhension en festoyant dans cette résidence  car la sirène de la mort restera gravée dans notre esprit.

 

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