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jeudi 21 février 2013

TSIPI LIVNI : UN SYMBOLE DIPLOMATIQUE



TSIPI LIVNI : UN SYMBOLE DIPLOMATIQUE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

 
         Le premier accord de coalition signé par Benjamin Netanyahou l’a été avec Tsipi  Livni et il constitue un véritable symbole. Dans un de nos articles en date du 9 février * faisant état d’indiscrétions de l’entourage de Hatnoua, la participation de Livni était déjà envisagée bien que certains observateurs israéliens, très sceptiques, raillaient cette information du domaine de l’improbable ou de l'inconcevable.


Problème palestinien


            En fait, en choisissant la femme politique qui l’a le plus critiqué sur le dossier palestinien, le premier ministre veut afficher sa volonté de raviver le processus de paix moribond au cours de sa nouvelle mandature. En effet elle avait contesté la réponse de Netanayahou à Obama qui avait affirmé : «Israël agit contre ses propres intérêts. Elle avait insisté sur l'importance des liens qui unissent Israël aux États-Unis : «vous pouvez aimer ou ne pas aimer le président américain, mais il est important pour nous et il fait partie de nos capacités de dissuasion». Netanyahou veut aussi rassurer Yaïr Lapid qui avait martelé au cours de la campagne qu’il ne participerait qu’à un gouvernement qui relancerait le dialogue avec les palestiniens. La présence de Tsipi Livni sera ainsi sa caution.  
A l’instar de Shimon Pérès, Tsipi Livni est plus appréciée à l’étranger que dans son pays et elle pourrait retisser les liens distendus avec les palestiniens et avec certains pays arabes, le Qatar en particulier, avec qui elle entretient des relations cordiales. Elle avait reçu à Jérusalem en visite secrète l’émir du Qatar Sheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani pour l’informer de l'importance de son rôle dans les discussions entre les arabes et Israël. Le Qatar et Israël ont une convergence de points de vue au sujet du programme nucléaire de l'Iran. Doha a systématiquement soutenu Israël contre l'Iran et pourrait l’aider dans le cas d'une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Livni, en tant que premier ministre d'Israël, avait rendu de fréquentes visites au Qatar. Par ailleurs, en 2009, elle avait œuvré pour le rapprochement israélo-marocain en se rendant à Tanger sur l’invitation d’un Think tank local qui l’avait ovationnée dans la salle de réunion. 
Sa présence dans la coalition permettra aussi de contrebalancer le poids de l’aile droite du Likoud et celui éventuel de Habayit Hayehudi, le Foyer Juif de Naftali Bennett. Compte tenu du manque d’expérience des élus  des listes Lapid et Bennett, Netanyahou avait besoin d’une compétence exceptionnelle pour traiter les dossiers sensibles.  On voit mal quelle personnalité de droite pourrait diriger des négociations tendues, sans les saboter par conviction. 
Face à Obama

Tsipi Livni pourrait raviver la crédibilité de la diplomatie israélienne et constituer un symbole à l’occasion de la visite à Jérusalem de Barack Obama qui a  l’intention, en effet, de mettre son deuxième mandat sous le signe de la résolution du conflit israélo-palestinien. Sa présence aux côtés de Netanyahou donnera du poids au gouvernement israélien qui montrera un front uni face aux américains. Le premier ministre israélien tient à lui opposer une diplomate chevronnée qui le mettra en confiance car elle avait été la seule dirigeante politique israélienne à appuyer Barack Obama au moment des élections américaines.
En effet elle s’était rendue en voyage aux États-Unis en septembre 2012 et avait fait certaines confidences à son retour : «Je rentre des États-Unis avec l’impression que si Barack Obama est réélu en novembre, il frappera les installations nucléaires de l’Iran, car il n’aura plus rien à perdre, ce sera son deuxième et dernier mandat. Tandis que si c’est Romney qui gagne, il ne pourra pas commencer son mandat de président des États-Unis par une guerre». 
Exit le Shass
Dirigeants du Shass


            Par ailleurs, il est fort probable que cet accord scellera la mise à l’écart du parti Shass, orthodoxes séfarades, pour lequel Livni n’a aucune sympathie puisqu’il s’était opposé à sa désignation comme premier ministre en 2009 alors qu’elle était arrivée en tête des élections. Il est fort probable que le Shass a fait l’objet des conditions de l’entrée de Hatnoua dans la coalition gouvernementale ce qui réjouit à la fois les clans Lapid et Bennett qui semblent vouloir mettre leur veto à son entrée au gouvernement à moins qu'il ne réduise à néant ses prétentions disproportionnées.
        La nomination de Tsipi Livni va débloquer la constitution du gouvernement qui a jusqu’à la fin du mois pour présenter la liste des ministres sauf à demander un délai supplémentaires de deux fois sept jours. Les autres partis réticents jusqu’alors, comme Habayit Hayehudi, ont intégré l’idée qu’ils ne peuvent plus s’opposer à l’idée de négociations de paix avec les palestiniens et qu’ils n’intègreront la coalition que par nécessité pour faire partie d'un gouvernent stable 


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