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jeudi 27 février 2014

ISRAËL CONFIRME SA DOCTRINE VIS-À-VIS DU HEZBOLLAH


ISRAËL CONFIRME SA DOCTRINE VIS-À-VIS DU HEZBOLLAH
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Il n’est pas dans les habitudes de Tsahal, et encore moins du gouvernement israélien, de confirmer ou de démentir les actions de l’aviation militaire contre des cibles ennemies. Le flou est la stratégie toujours utilisée pour rester à l’abri des réactions des chancelleries étrangères, toujours promptes à condamner Israël même lorsque des terroristes sont ciblés. Il semble que les Israéliens aient fait exception, le 25 février 2014, en accréditant, par la voix d’un haut responsable sécuritaire, l'idée de leur responsabilité dans l’attaque aérienne israélienne qui a eu lieu vers 22h30 à la frontière entre la Syrie et le Liban.

Neutre vis-à-vis de la Syrie

Israël applique ainsi sa doctrine consistant à ne pas s’en prendre directement à Bachar Al-Assad et à frapper en dehors du territoire syrien. Il tient à rester neutre dans la guerre civile qui ravage la Syrie. Il veut aussi éviter de provoquer les forces du Hezbollah, déjà acculées dans leur lutte contre les rebelles syriens. La doctrine d’Israël a été maintes fois affirmée. Il ne permettra jamais que du matériel sensible de haute technologie ne parvienne aux mains des miliciens du Hezbollah. C’est pourquoi, les convois d’armes sont systématiquement détruits dès qu’ils traversent la frontière du Liban, pour éviter une dissémination d'armes en provenance du régime de Bachar el-Assad.


Ce n’est pas la première fois que les transferts d’armes sont visés. L'attaque du 30 janvier 2013 s’était inscrite dans la volonté d’Israël d'éviter que le conflit syrien déborde sur les villes du Golan, donnant ainsi l'occasion à l'Iran et au régime syrien de faire diversion. L'attaque par l'aviation israélienne d'un convoi d'armes se dirigeant du territoire syrien vers le Liban ne peut donc pas être vraiment une surprise. 
Aviv Kohavi

Les mises en garde d’officiels israéliens ont été nombreuses tandis que les voyages impromptus à Washington et à Moscou de responsables militaires israéliens ne sont pas passés inaperçus. Aviv Kohavi, chef des renseignements militaires, s’était ainsi rendu à Washington pour une rencontre inopinée et secrète avec le chef d'Etat-major des armées, le général Dempsey Martin. Par ailleurs le chef du Conseil de sécurité auprès du premier ministre, Yaakov Amidror, avait rencontré les dirigeants russes à Moscou dans le cadre d’une «visite d’urgence». Enfin le commandant des forces aériennes israéliennes, le général Amir Eshel, avait émis à plusieurs reprises des mises en garde.
Amir Eshel


Convoi détruit

En janvier 2013 le convoi détruit contenait des missiles anti-aérien SA-17 de fabrication russe, transmis par la Syrie. Ce chargement risquait de modifier la donne dans la région en équipant le Hezbollah de matériel sensible et perfectionné pouvant limiter les missions de l’aviation israélienne au-dessus du Liban. 
Missiles SA-17

Des informateurs infiltrés parmi les rebelles syriens et des commandos de Tsahal, qui organisent des opérations ponctuelles de repérage à terre, ont permis aux Israéliens d’identifier les sites de stockage des armes. Par ailleurs, les militaires assurent que, grâce à leurs satellites, ils maintiennent une surveillance permanente des mouvements autour des zones de stockage. Israël craint que la proximité des combats n’entraîne un débordement sur les villes israéliennes du Golan et ne donne ainsi l'occasion à l'Iran et au régime syrien de faire diversion en faisant déborder le conflit contre Israël.
Israël ne craint pas de représailles de la part des Libanais car l’armée libanaise ne se lancera pas dans une aventure où elle a tout à perdre. Les Israéliens lui ont déjà transmis la liste des cibles militaires et industrielles qui seraient rasées si une action était entreprise contre Israël. La Syrie n’a aucun intérêt pour l’instant à réagir, trop occupée à frapper les rebelles. Les Israéliens ont par ailleurs informé leurs parrains russes pour les rassurer sur leur volonté de ne cibler que le Hezbollah qui est trop empêtré en Syrie pour songer à se lancer dans un conflit de grande ampleur et ouvrir un nouveau front. D’ailleurs Nasrallah minimise l’opération dès lors où il estime n’avoir pas été touché dans son sanctuaire.
Arsenal sensible
Ainsi Israël fera tout pour empêcher le Hezbollah de se doter d’un arsenal puissant pouvant mettre en danger sa sécurité. Le petit armement n’est pas visé mais uniquement  trois types de missiles.
1/ Les systèmes avancés de défense aérienne comme les batteries de SA-17 qui mettent en danger les vols israéliens de reconnaissance au-dessus du Liban.
Fateh-110

2/ Les missiles sol-sol de fabrication iranienne, les Fateh-110, d’une portée de 300 kms avec une précision de 200 mètres, capables de toucher des objectifs civils et militaires à l’intérieur d’Israël.
Missile Yakhont

3/ Les missiles antinavires sol-mer, Yakhont, d’origine russe, qui dépassent la vitesse du son et qui menaceraient les vedettes maritimes israéliennes et les plates-formes off-shore de gaz naturel.
4/ Les armes chimiques ne sont pas exclues de cette liste sachant qu’un certain nombre d’entre elles ont échappé à la vigilance des troupes régulières syriennes pour passer aux mains des terroristes.
            Benjamin Netanyahou a confirmé la stratégie d’Israël : «Notre politique est claire. Je ne commente pas ce que nous avons fait ou pas fait, mais nous ferons ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité d’Israël.» En évitant de reconnaitre implicitement sa responsabilité dans cette frappe, il ménage la susceptibilité des Syriens et du Hezbollah qui, de ce fait, ne se sentent plus contraints de riposter. D’ailleurs le flou est volontairement entretenu sur le lieu précis de l’attaque, en territoire syrien ou libanais. Israël se bornant à préciser que sa préoccupation est de choisir le lieu de l’attaque pour éviter des dommages collatéraux contre les civils.
Hezbollah


Le journal libanais «The Daily Star» a révélé que des avions de combat israéliens ont attaqué des cibles dans les bastions du Hezbollah à proximité du village d'Al-Nabi Shayth. D’autres sources ont affirmé que les explosions ont été entendues dans la région de la Bequaa après quatre attaques menées sur le village d'Al-Nabi Shayth du côté syrien.  Cette région est connue pour être un bastion du Hezbollah dans lequel s’effectuent le recrutement et la formation des nouveaux membres. 
Malgré la précision de ces révélations, Israël n’a donné aucune confirmation de ces faits tandis que la menace continue à peser aux dessus du Hezbollah. Mais Israël et le Hezbollah ont, les deux, intérêt à entretenir le mystère sur le raid aérien à la frontière syrienne

1 commentaire:

Gérard AMSELLEM a dit…

Le comble...les rebelles salafistes qui renseignent Israël sur les positions du Hezbollah.Ah c'est pas simple le MO.