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mardi 4 février 2014

LIEBERMAN : UN VIRAGE COURAGEUX


LIEBERMAN : UN VIRAGE COURAGEUX

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps


            
        Il ne fait aucun doute qu’Avigdor Lieberman a évolué dans sa conception de résoudre le conflit israélo-palestinien. Le fait d’avoir été écarté du gouvernement, pour cause de procès, lui a laissé le temps de réfléchir et de raisonner à froid sachant que le dogme du Grand Israël, qu’il avait défendu avec passion, était devenu caduc. Il a assimilé l’idée qu’un État unique binational représentait un danger pour l’identité juive d’Israël car il sera difficile d’intégrer 1,7 million d’Arabes. 
         Il s’est nettement démarqué de son collègue au gouvernement, Naftali Bennett, qui persiste dans son illusion d’annexer purement et simplement des pans entiers de la Cisjordanie, sans réellement expliquer l’avenir des populations arabes qui y vivent.



Conversion à gauche
Manifestants à Oum El Fahm

            Mais contrairement aux idées établies, la conversion d’Avigdor Lieberman à des idées qui étaient l’apanage de la gauche ne date pas d’aujourd’hui. Il y a une dizaine d'années il avait soulevé la proposition d'inclure, dans l'Etat palestinien à naître, des villes et des villages peuplés d'Arabes israéliens et situées le long de la fameuse ligne verte marquant virtuellement les frontières de cessez le feu de 1967. En contrepartie, les implantations juives de taille importante situées en Cisjordanie seraient intégrées dans les frontières d'Israël.
           Quand elle n’était pas accusée de racisme, sa proposition était qualifiée par les Palestiniens de tentative de nettoyage ethnique parce qu’ils y voyaient une volonté de transformer Israël en un État purement juif. Le principe de son projet courageux, face aux réticences des nationalistes juifs, consiste à offrir l’espace encadré par les routes 5, 6 et 66 englobant plusieurs villages arabes et surtout la grande ville arabe d’Oum El-Fahm qui a toujours contesté les institutions israéliennes.
Tracé de la bande délimitant les zones cédées

            Le temps a permis aux esprits de se calmer et aux mentalités d’évoluer puisque même les gauchistes purs et durs trouvent la proposition de Lieberman raisonnable. Les Américains aussi estiment que le ministre des affaires étrangères a rejoint le camp de la paix ce qui dans leur bouche est un compliment. Il est vrai que Lieberman avait assuré que : «Personne ne sera expulsé de son domicile, personne ne verra ses biens confisqués. Nous ne faisons que déplacer la frontière».  
L'accord-cadre selon Lieberman : nous transférerons ici et là  et c'est là que sera la frontière

        Par ailleurs, les Arabes israéliens, qui étaient les plus fermement opposés au projet, par refus de vivre sous souveraineté palestinienne, sont ébranlés dans leurs convictions. Il semble effectivement qu’ils deviennent plus pragmatiques selon un sondage d’Haaretz, puisque 40% d’entre eux approuvent l’idée d’être rattachés à la Cisjordanie, les laïcs se chargeant de réduire l’influence des islamistes.

Apport des Arabes israéliens

            Les Palestiniens ont compris que leur avenir ne dépendait plus que d’eux car les investissements industriels israéliens ne se font que dans les territoires juifs alors que la violence a diminué. Ils pensent que les liens avec les Arabes israéliens se sont développés et qu’ils pourraient bénéficier de l’apport d’une population rompue aux idées démocratiques et ayant une expérience économique qui pourrait être mise au service la Cisjordanie. Ils ont surtout compris que tout espoir de coexistence avec les Israéliens est vain tant que persiste le risque islamiste.
Harish

            Le seul aspect négatif du projet peut s’exprimer au sujet de la ville d’Harish qui serait englobée dans les territoires cédés. Harish située à proximité d’Oum El-Fahm a été fondée par le Nahal en 1982 puis transformée en kibboutz en 1985 pour être ensuite fusionnée en 1993 avec le village Katzir. Au départ la ville fut conçue pour les populations juives orthodoxes, puis elle a progressivement englobé des Arabes, mitoyens de la frontière, dans le cadre d’un plan d’extension. 
       Une expérience unique a permis de voir coexister les synagogues et les minarets dans un environnement pacifique. Les bas coûts des logements ont attiré des jeunes israéliens  et de nombreux laïcs qui ont cohabité avec les religieux, membres de la secte hassidique Breslev. Même des immigrants russes ont été attirés par cette nouvelle ville tandis que des bédouins ont été déplacés de Ramlé vers Harish.
Manifestation à Harish

      Mais en fait cette expérience ne fut qu’une illusion car rien n’a été fait pour faciliter la vie des 200 familles qui n’ont trouvé sur place aucune structure sociale et économique, hormis des logements à bon marché et qui ont manifesté pour alerter les autorités. L’expérience multiculturelle a trouvé ses limites et Avigdor Lieberman ne trouverait aucun inconvénient à inclure cette nouvelle ville dans le package de cession de territoires aux Palestiniens. Cela pourrait être l’alibi que la correction des frontières passerait aussi par la cession de villages juifs.


1 commentaire:

pierred8336 a dit…

C'est la part d'Israël !
Quelle sera la part des palestiniens ?