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jeudi 21 août 2014

VAINCU À GAZA, LE HAMAS CRIE VICTOIRE AU CAIRE



VAINCU À GAZA, LE HAMAS CRIE VICTOIRE AU CAIRE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

             
Délégation palestinienne au Caire
          
          On pourra débattre à longueur d’articles du résultat réel de l’opération bordure de protection de l’armée israélienne à Gaza. Mais les faits sont là. 2.000 morts arabes sans que l’on sache la proportion de combattants ni le nombre exact de victimes civiles. En face, les Israéliens ont eu à déplorer la perte de 64 officiers et soldats ainsi que la destruction négligeable de quelques bâtiments civils. Malgré cette victoire, Israël risque de se trouver face à des problèmes diplomatiques parce que l’Occident veut ignorer que des terroristes sont prêts à mettre leur région à feu et à sang pour imposer leur idéologie à un peuple qui paie les dérives politiques et militaires de ses chefs.



Deux enseignements

Merkava

            Sur le plan militaire, Tsahal a tiré deux enseignements qu’il devra affiner lorsque les canons se seront réellement tus. Le système de défense anti missile Dôme de fer a prouvé sa fiabilité à 90%  puisque la population civile israélienne a bénéficié d’une protection à toute épreuve. Les ingénieurs militaires vont à présent décortiquer les dernières failles de son fonctionnement pour améliorer ses performances. Par ailleurs et contrairement à la guerre du Liban de 2006, les tanks Merkava n’ont pas été touchés par les missiles anti tanks grâce aux modifications techniques et au système Trophy qui les rendent pratiquement invulnérables. Le Merkava est doté d'un blindage espacé, d'un système anti-incendie tandis qu’à la différence des autres chars de sa génération, le moteur est placé à l'avant, offrant à la fois une protection supplémentaire de face et la possibilité d'évacuer le char par l'arrière. Mais son originalité tient à son équipement exclusif en système Trophy, sous forme de cloche virtuelle, une zone électronique hémisphérique autour du véhicule qui neutralise les tirs de roquettes et de missiles.

            Si l’aviation a jusqu’à présent «cassé des pierres» à Gaza, l’arsenal militaire du Hamas a subi des dégâts irréversibles avec l’éradication des 2/3 des missiles et la quasi destruction de la majorité des tunnels qui constituaient la stratégie principale de l’aile militaire du Hamas. Les Iraniens qui ont offert les conseillers techniques et les moyens financiers pour construire les tunnels n’ont pas apprécié qu’ils aient été exploités par le Hamas avant l’heure. Ils avaient été planifiés pour être utilisés sur ordre de l’Iran, soit en cas d’attaque israélienne contre les mollahs, soit en cas de bombardements iraniens sur Israël. Les combattants par centaines avaient pour rôle de lancer des attaques simultanées et ciblées contre les bases militaires israéliennes et sur les civils. L’ordre d’attaque et d’utilisation devait exclusivement venir de l’Iran. C’est d’ailleurs le cas des tunnels construits au Liban par le Hezbollah.
En anticipant la découverte des tunnels avant l’heure, Tsahal a pratiquement désarmé les terroristes et a doublé sa victoire psychologique en démontrant que le Hamas n’était pas en mesure de protéger sa population civile tandis que les brigades armées avaient trouvé refuge dans les blockhaus. Au cours des combats, les dirigeants du Hamas ont mesuré leur isolement car ils n’ont pu compter sur aucun soutien. L’Égypte était bien heureuse de voir les alliés des Frères musulmans décliner tandis que le Hezbollah et l’Iran n’ont pas levé le petit doigt pour desserrer l’étau militaire sur Gaza. Les Palestiniens de Cisjordanie, quant à eux, se sont retranchés dans une neutralité intéressée.

Vainqueur politique
 
Haniyeh et Marzouk

            Le Hamas, qui s’est présenté au Caire en vaincu, a cependant réussi à parader en vainqueur politique. Mais il n’a fait qu’illusion face à l’Égypte qui a refusé toutes ses doléances et même imposé une négociation qu’après que les armes se soient tues. Le chef du bureau politique Khaled Mechaal et Ismaël Haniyeh, qui ne détient théoriquement aucun poste politique officiel à Gaza, ont reçu l’interdiction d’entrer en Égypte. Les seconds couteaux du Hamas ont été envoyés pour participer aux réunions, en restant encadrés par l’Autorité palestinienne qui devenait le représentant officiel. Le maréchal Al-Sissi a par ailleurs tenu bon en refusant la table des négociations à deux alliés du Hamas, le Qatar et la Turquie, alors que les Américains avaient suggéré de les recevoir pour faire avancer les négociations. Ce refus a démontré la baisse de l’influence politique de Barack Obama dans ce conflit.
Dahlan

            Le cessez-le-feu a encore été rompu, le 19 août, par le Hamas qui pense ainsi faire pression sur les politiques pour imposer ses exigences et son programme.  Il semble que l’aile militaire ait pris le dessus sur les dirigeants politiques qui auraient montré leurs limites. L’Autorité palestinienne, avec l’aide de l’Égypte, ne semble pas vouloir envisager une action violente pour déloger les islamistes de Gaza. La volonté politique manque pour ne pas déplaire à certains pays arabes. Les Égyptiens ont beaucoup insisté pour donner carte blanche à leur protégé, Mohamed Dahlan, qui n’attend que cela pour redevenir l’homme fort de Gaza. En absence d’action militaire, il faut se rendre à l’évidence que le Hamas restera profondément enraciné à Gaza. Il continuera à imposer une chape de plomb qui interdit toute velléité de contestation à une opposition timorée, sous peine d’être accusée de «collaborateur des sionistes» avec à la clef une exécution sommaire.


Cibler Deif
   
Leaders du Hamas, Deif au centre
            Mais il est indéniable que le Hamas a acquis ses galons de négociateur au Caire, au même rang politique que les Israéliens. Les dernières découvertes des services de sécurité intérieure israélienne prouvent aussi la présence du Hamas en Cisjordanie où ses cellules dormantes n’attendent que le grand jour pour y prendre le pouvoir. Le gouvernement israélien a été tolérant vis-à-vis des dirigeants du Hamas dont il connait le lieu où ils se cachent. Il résiste aux demandes de l’armée souhaitant leur élimination parce qu’il est convaincu que l’ennemi numéro un, Mohamed Deif, tire les ficelles. Il est seul à décider de la stratégie militaire du Hamas et de la reprise des tirs de missiles.
Seul l'immeuble de DEIF a été ciblé

Mais il n’est pas facile à atteindre puisqu’il a survécu à quatre tentatives d’élimination. Il a été grièvement blessé lors de l’attaque de son véhicule par un missile israélien. Depuis il vit sous terre comme son ami Nasrallah du Hezbollah mais Israël reconnait en lui un adversaire puissant et surtout un génie militaire. Les Israéliens le rendent responsables de toutes les attaques sanglantes menées à travers les tunnels. Il est seul à décider de la guerre et de la reprise des tirs. Pour se protéger il n’apparait jamais devant ses troupes et encore moins au grand jour. Des informations concordantes font de lui un borgne qui se déplace en fauteuil roulant.
Emad Akel

Les Israéliens confirment qu’il joue un rôle essentiel dans la guerre actuelle car il est à l’origine du concept des tunnels. On ignore peu de choses de son parcours sinon qu’il a la cinquantaine, qu’il est né dans le camp de réfugiés de Khan Younès, et qu’il a obtenu un diplôme en sciences de l'Université islamique de Gaza, où il a étudié la physique, la chimie et la biologie. Il s’était déjà distingué en animant le comité des étudiants de l’université. Il avait rejoint le Hamas lors de la première intifada de 1987 pour laquelle il a été emprisonné en Israël en 1989 pendant plus d’un an. Il a succédé à Emad Akel, son prédécesseur à la tête de la branche armée qui avait a été abattu par les troupes israéliennes en 1993. Il a appris de l’ingénieur Ayyash, éliminé par Israël en 1996, les principes de la fabrication de bombes et de pièges d’explosifs.
C'est une aide urgente humanitaire du Qatar pour chaque personne de Gaza  ayant eu sa maison détruite

Deif est l’homme le plus recherché par Israël depuis des décennies parce qu’il est responsable de la mort de dizaines de civils dans des attentats-suicides. Les Israéliens ne mésestiment pas leur adversaire qui cependant n’a aucune ambition politique, préférant concentrer ses efforts sur les questions militaires. Mais en tant que chef militaire des brigades Ezzedine Al-Qassam du Hamas, son avis prime sur tous les dirigeants politiques et il disposerait même d’un droit de veto qui en fait un dirigeant incontournable et qui le place au-dessus de Khaled Mechaal.
En étant l’instigateur de l’intransigeance palestinienne dans les négociations du Caire, il pourrait pousser Israël à «terminer le travail à Gaza» en éliminant les principaux dirigeants réfugiés sous l’hôpital Shifa, une décision que seul le gouvernement peut autoriser. C’est ainsi que la maison de trois étages de Mohamed Deif a été visée le 19 aout par cinq missiles qui l’ont raté encore en tuant sa femme et l’un de ses enfants. Un contrat a été mis sur la tête du chef de la branche militaire du Hamas, l’ennemi numéro 1.


2 commentaires:

Adam HARISHON a dit…

Bof...on a l'habitude... quel autre pays au monde on donne le nom d'une défaite à un grand pont? L'Egypte...le pont de la guerre d'octobre! Si on écoute les médias arabes, les pays arabes n'ont jamais perdu une seule guerre

Parole VOLEE a dit…

C'est dans la mentalité arabe face aux infidèles que d'utiliser le Verbe pour masquer une pitoyable réalité. Le pire c'est qu'ils croient à leurs mensonges ce qui les empêche d'évoluer faute d'oser une sérieuse remise en cause. Trés bon article.