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vendredi 2 janvier 2015

LE FIASCO PALESTINIEN



LE FIASCO PALESTINIEN

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



La présentation par les Palestiniens de leur résolution à l’ONU était vouée à l’échec mais elle avait pour but de couvrir d’un voile de fumée les dissensions internes palestiniennes affichées au grand jour ainsi que les luttes de pouvoir entre factions rivales. La résolution appelait à la paix avec Israël dans l'année et la fin de «l'occupation israélienne des territoires palestiniens à la fin de 2017».


Rejet de la résolution

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a rejeté la résolution qui devait obtenir une majorité de 9 voix. Huit pays ont voté en faveur de la motion : Chine, France, Russie, Argentine, Tchad, Chili, Jordanie et Luxembourg,  deux se sont opposés : États-Unis et Australie, et cinq se sont abstenus : Royaume-Uni, Lituanie, Nigeria, Corée et Rwanda. Les États-Unis n’ont pas eu besoin d’opposer leur veto, pointant ainsi l’échec palestinien. Le premier ministre Benjamin Netanyahou avait prévenu «qu’Israël s’opposera aux conditions qui mettent en danger notre avenir parce que nous avons toujours besoin de négociations directes et non de conditions imposées».
Les Palestiniens avaient pourtant tout fait pour accompagner le vote de cette résolution par une grande démonstration d’unité tendant à donner un retentissement à cet épisode. Une cinquantaine de responsables gouvernementaux palestiniens, dont huit ministres, étaient arrivés le 29 décembre à Gaza. Selon le porte-parole du gouvernement, Ihab Bseiso, il s'agissait  d'une «mission de travail de plusieurs jours chargée de lancer le début effectif de la reconstruction». Les ministres de la Santé, de l’Éducation, des Collectivités locales, ainsi que les chefs des Autorités de l'Eau, de l’Énergie et de l'Environnement devaient s'atteler à l'épineux dossier de la reconstruction dont le montant est estimé par le gouvernement à quatre milliards de dollars.

Relations tendues

Mais les relations s’étaient déjà tendues avant l’arrivée de la délégation puisque début novembre, le chef du gouvernement, Rami Hamdallah, avait annulé sa visite à Gaza à la suite d’une série d'attentats, non revendiqués, visant des responsables du Fatah dans la bande de Gaza. Mais à l’occasion de cette nouvelle visite, les dirigeants de Gaza n’ont réussi  qu’à entériner l’échec du processus d’union palestinienne. Ismaël Haniyeh a accusé l’Autorité palestinienne de n’avoir «pas respecté son engagement de reconstruire la bande de Gaza déchirée par la guerre et d’organiser des élections». Il a par ailleurs accusé le gouvernement d'agir sélectivement d'une manière qui était «nuisible» à Gaza.
La campagne médiatique, qui avait accompagné les huit ministres et 40 autres fonctionnaires du gouvernement de Ramallah, arrivés dans un autobus après avoir traversé Israël, n’a pas servi à détendre les relations entre les deux clans palestiniens. Preuve a été faite que le gouvernement d’union était une illusion et que le Hamas continuait en fait à diriger Gaza d’une main de fer. Mahmoud Abbas avait besoin d’un début de concertation pour redorer son blason et crédibiliser son autorité Mais les choses sérieuses n’ont jamais pu être entamées car le processus de reconstruction s’est enlisé dans les luttes intestines entre le Hamas et le Fatah.
Les Palestiniens souffrent de l’absence d’un dirigeant charismatique capable de surmonter les divisions internes, de rassembler dans l’intérêt du peuple palestinien et d’imposer des concessions. Les différentes représentations inventées n’ont jamais réussi à fédérer car elles n’ont agi que pour maintenir le pouvoir d’une élite. Mahmoud Abbas est haï à Gaza puisque des manifestants avaient brandi, devant le Conseil législatif (parlement de Gaza), son portrait portant les inscriptions «trahison, corruption, tyrannie».
Les gesticulations à l’Onu viennent à point nommé pour masquer les déchirements au sein du peuple palestinien qui, contrairement à ce que pensent les Européens, est encore loin de cicatriser ses propres plaies pour présenter un front commun face à Israël.



3 commentaires:

Pat Quartier a dit…

Maaaaaiiis cher Jacques Benillouche les Palestiniens ont eu et ont leur dirigeant charismatique!!!
Aucun n'a jamais accepté la moindre concession sérieuse susceptible de s'incarner dans un accord de paix exhaustif .
Ils ont eu Yasser Arafat. Actuellement ils ont les dirigeants du Hamas qui sont des idoles pour eux à tel point que parait-il si des élections generales avaient lieu, le Hamas l'emporterait sur l'AP d'Abou Mazen.
Aucun de ces dirigeants pas plus l'un que les autres ne sont disposés à la moindre concession eu égard la vision du conflit à long terme qui les anime, en liaison avec l'Islam dans sa relation primaire avec les juifs et pis encore avec la terre d'Israel Dar El Islam à reconquérir intégralement.
C'est désespérant certainement pour la Gauche qui feint de ne pas le comprendre en s'obstinant en dépit de la réalité à imaginer un partenaire de la paix ou un réglement par la magie de concessions "douloureuses" unilatérales israéliennes, mais ces rêves n'ont aucune consistance.

Jean CORCOS a dit…

Merci Jacques ... quelle claque en effet ! A noter que des pays du Tiers-Monde, dont le Nigeria à majorité musulmane, ont voté contre ; par contre, le vote français est incompréhensible vue la dureté de la motion proposée. Ou alors savaient-ils que cela ne passerait pas ?

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Une fois de plus "le machin qu'on appelle ONU", comme l'appelait De Gaulle, a subi un cuisant échec. Et le fiasco palestinien est aussi celui de la France. Car dire comme Jean Corcos que "le vote français est incompréhensible vue la dureté de la motion proposée", relève d'une naïveté qui veut ignorer que rien ne sera trop dur pour essayer de sauvegarder un vote musulman dont le gouvernement français a tant besoin pour essayer de limiter les catastrophes électorales qui s'annoncent en 2015.

Bonne nouvelle année à vous et aux lecteurs de ce blog.