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vendredi 23 janvier 2015

KOL-ISRAEL : MORTS IRANIENS À QUNEITRA



KOL-ISRAEL : MORTS IRANIENS À 
QUNEITRA


Jacques BENILLOUCHE

Au micro de

Annie GABBAI

Israéliens au Golan


Israël a toujours maintenu une position neutre à l’égard du conflit syrien estimant qu’il s’agissait d’un conflit interne. La Syrie de son côté a toujours respecté le cessez-le-feu puisqu’aucun coup de feu n’a été tiré depuis 1973 à travers la frontière. Mais cela ne veut pas dire qu’Israël ne surveille pas de près tout ce qui s’y passe. C’est un secret de polichinelle de d’avancer que des commandos israéliens opèrent sur place pour surveiller de près la zone des combats sans y participer. Il s’agit de noter les mouvements de troupes mais surtout les transferts d’armement sensibles (fusées, armes chimiques) qui pourraient parvenir au Hezbollah. D’ailleurs en décembre dernier l’aviation israélienne  avait frappé des entrepôts d’armes proches de Damas lorsque le danger a été avéré.
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Israël suit avec attention toute évolution qui peut modifier l'équilibre dans la région. L’État-major avait été sensibilisé par le chef des renseignements militaires, Aviv Kohavi, ce qui a d’ailleurs entraîné une réorganisation de Tsahal à la frontière avec le Liban. C’est Aviv Kohavi qui a pris la direction du front nord confirmant l’inquiétude de Tsahal face à un réchauffement du front nord. Il avait déclaré que «L’année prochaine, Israël fera face à une situation régionale plus instable que dans le passé» et il ne s’est pas trompé.
Général Aviv Kohavi

Depuis quelques temps les Iraniens sont très actifs au Golan soit en infiltrant leurs propres troupes, soit à travers les milices du Hezbollah. Israël se méfie de la proximité de forces ennemies à ses frontières. On peut se poser la question : que fait l’Iran en Syrie et plus particulièrement au Golan. On sait avec certitude que l’Iran l’espionne Israël via des stations de renseignement électromagnétique dans le nord de la Syrie et le plateau du Golan, en coopération avec le Hezbollah.
Israël a dû constater que le danger se rapprochait de ses frontières pour marquer le coup et lancer un avertissement aux troupes étrangères qui se déplacent au Golan. Ainsi un général iranien et des cadres du Hezbollah ont été tués lors d’un raid en Syrie attribué à Israël. Il y a quelques jours, Hassan Nasrallah avait menacé Israël. C’est une sorte de réponse concrète qui lui a été adressée. Le gouvernement israélien s’oppose à tout transfert d’armes iraniennes vers le Hezbollah et s’oblige à riposter quand les positions de Tsahal sur le plateau du Golan essuient des tirs d’origine souvent indéterminée, c’est à dire qu’ils proviennent soit des rebelles syriens (et en particulier du front al-Nosra, lié à al-Qaïda), soit des forces alliées du régime syrien.
Imad Moughnié

Cela étant, le nouveau raid aérien dans la province syrienne de Quneitra, proche du plateau du Golan, a été sans doute une réponse aux menaces proférées par le Hezbollah qui a subi de lourdes pertes. La milice chiite a en effet annoncé la mort de plusieurs de ses membres au cours de cette frappe, dont Jihad Moughnié, le fils d’Imad Moughnié, son ancien chef militaire, tué à Damas en 2008 par l’explosion d’une voiture piégée. Le raid a également tué, en plus des six membres du Hezbollah, six militaires iraniens. L'Iran a confirmé la mort d'un général des Gardiens de la Révolution, l'armée d'élite du régime, le général Mohammad Ali Allahdadi, abattus selon eux par des hélicoptères israéliens. Ce général se trouvait en Syrie pour conseiller et pour aider le gouvernement syrien et le Hezbollah.
Général Allahdadi

Allahdadi était l’adjoint de Qasem Soleimani, le commandant de la Garde révolutionnaire Al-Qods, une cellule responsable de l'activité à l’extérieur de l'Iran. Il était en charge de l'activité de l'organisation en Syrie et au Liban. Il faisait donc partie du convoi qui a été attaqué hier. Un autre cadre du Hezbollah, le commandant Mohammad Issa, alias Abou Issa, a également été tué avec 6 gardiens de la révolution.
Israël a estimé que des troupes dangereuses s’étaient trop rapprochées de la ligne de séparation entre la partie syrienne du Golan et Israël. Ces éléments terroristes préparaient des attaques contre l’État hébreu.  Reste maintenant à savoir quelles seront les conséquences de cette attaque. Le Hezbollah risque en effet de répliquer, mais pas à travers le Golan où sa marge de manœuvre est étroite mais à travers la frontière qui sépare le Liban d’Israël, où d’ailleurs la FINUL avec 900 soldats français veille.

Israël craint que le front Nord s'embrase mais il veut éviter que des troubles à la frontière ravivent les tensions autour du Golan israélien.  Il veut s’opposer à la propagation de la guerre qui oppose le président Bachar al-Assad aux rebelles sunnites.  Sachant que le plateau du Golan est devenu le point de rencontre des antagonismes régionaux avec Israéliens, miliciens chiites du Hezbollah libanais, rebelles syriens et forces armées de Bachar al-Assad,  Israël veut éviter que le Golan ne devienne une poudrière.
En effet, des rebelles au régime de Bachar al-Assad se replient dans le Golan pour échapper aux forces armées syriennes. De son côté le Hezbollah combat aujourd’hui sur deux fronts. En Syrie, où il a envoyé plusieurs milliers de ses hommes ; et sur le front intérieur libanais, où il doit faire face à des djihadistes qui commettent des attentats terroristes contre ses miliciens. Donc, lancer un troisième front serait donc totalement suicidaire pour le Hezbollah.
Par ailleurs, Israël n’est pas en ce moment la préoccupation première de Bachar al-Assad, qui doit déjà gérer une rébellion intérieure. Son intérêt n’est vraiment pas de faire monter la tension avec Israël, du moins pas à un niveau d’ampleur très élevé. D’ailleurs, la Syrie ne réplique jamais aux actions militaires des Israéliens, pour la simple et bonne raison qu’elle n’en a pas les moyens et que les actions limitées évitent de s’en prendre à son armée.
Les Israéliens ne veulent pas non plus aller trop loin avec la Syrie, car cela donnerait finalement du grain à moudre au régime de Bachar al-Assad. Mais Israël a récemment fait savoir, qu’en cas d’escalade, l’armée ne se limiterait pas à des raids aériens, qu’elle utiliserait toutes ses capacités, y compris maritimes et terrestre.  Pour le moment les Israéliens observent que la situation du Hezbollah est momentanément fragilisée. Il a ainsi perdu plus de 2.000 hommes sur le front syrien sur un nombre total de 20 000. Mais il ne faut pas négliger le fait que le  Hezbollah est très fort. Avec ses hommes il a déjà réussi à porter un coup décisif à la rébellion à Bachar al-Assad.  L’armement du Hezbollah s’est en effet accru, avec de plus en plus de missiles de haute technologie. C’est une force militaire redoutable qu’il ne faut pas négliger.
Hezbollah en Syrie


Mais Israël a certainement voulu transmettre, avec ces frappes, un message aux Américains qui semblent privilégier la conciliation sur le dossier du nucléaire iranien. C’est une façon de leur dire de ne pas faire trop de concessions, car Israël possède les moyens de faire monter la tension dans la région et qu’il maintient une stratégie personnelle conforme à ses intérêts sécuritaires. Ce qui cependant certain, c’est que toutes les questions régionales s’imbriquent. Celle des Palestiniens, du Golan avec la Syrie, et du nucléaire iranien. Israël n’hésitera jamais à frapper les Iraniens chaque fois que l’occasion se présente.

1 commentaire:

דוב קרבי dov kravi a dit…

Peut-être un message aux Américains, mais surtout pour prévenir une menace avérée et potentiellement gravissime.
On sait qu'Israël aide l'ASL qui lutte à la fois contre Bachar El-Assad/Hezb et contre les djihadistes. Cette aide se fait probablement contre des renseignements ultrasensibles.