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samedi 28 mars 2015

CONTRER LE FRONT NATIONAL Par Gérard AKOUN



CONTRER LE FRONT NATIONAL

Par Gérard AKOUN




Dimanche dernier, à l’issue du premier tour des élections départementales, les responsables des trois principaux partis, en lice, semblaient tous satisfaits de leurs résultats. Il n’y avait pourtant pas de quoi pavoiser, sauf pour le Front National qui est arrivé en deuxième position derrière la coalition UMP-UDI et devant le PS en troisième position. Nicolas Sarkozy se félicitait de sa première victoire en tant que président de  l’UMP et Manuel Valls trouvait que les résultats du PS étaient moins catastrophiques que prévus, une défaite en somme honorable.



Vote d’adhésion


Certes, le FN n’a pas été adoubé premier parti de France, l’objectif de Marine Le Pen, mais il a obtenu un score de 25,2% supérieur à celui des Européennes de 2014  et il a étendu son influence, de manière significative, dans des territoires, et auprès de  couches sociales qu’il n’avait pas encore réussi à séduire. Il n’est plus seulement, l’expression d’un  vote contestataire, il est aussi celle d’un vote d’adhésion à ses idées. Il a stabilisé  un électorat, «de petits blancs» composé d’ouvriers et d’employés non qualifiés, de petits fonctionnaires, de victimes de la crise de la ruralité et du chômage. Il a gagné de nouveaux électeurs chez les jeunes et dans des couches plus aisées qui rejettent la mondialisation, les réformes sociétales, le multiculturalisme.
Marion Maréchal-Le Pen

Marine Le Pen, évite soigneusement les outrances et les dérapages verbaux de son père.  Elle n’est pas antisémite, elle est anticapitaliste, elle n’est pas homophobe, elle n’a pas participé aux manifestations contre le mariage pour tous, mais elle n’est pas Charlie, elle laisse à  Marion Maréchal-Le Pen, sa nièce, le soin de défendre les idées sulfureuses qui ont toujours cours au FN. Elle a réussi à normaliser son parti, il ne fait plus peur, ses  électeurs ne se cachent plus, ils affirment, au contraire, haut et fort leur adhésion. Elle espère gagner jusqu’à quatre départements à l’issue du deuxième tour de ces élections qui se tiendront dimanche prochain. Ses adversaires peuvent ils l’arrêter dans son ascension ?

Front républicain

L’UMP et le PS s’opposent sur la stratégie pour contrer le FN. Le PS éliminé dans le quart des cantons dés le premier tour propose la stratégie du front républicain. Il appelle donc, en cas de duel UMP-FN ou UDI-FN, ses électeurs à faire barrage au FN à qui il dénie le qualificatif de républicain. Il a même choisi dans certaines triangulaires, où son maintien pourrait permettre au FN de vaincre le candidat de la droite, de se retirer de la compétition. Pour mémoire, faute de l’avoir fait aux législatives de 2012, dans le Vaucluse, il avait permis l’élection de Marion Marechal-Le Pen. Il attend de l’UMP  la réciproque. Mais ce ne sera pas le cas. Nicolas Sarkozy appliquera la stratégie du Ni-Ni, «ni pour le FN avec qui nous n’avons rien en commun, ni pour le PS dont nous ne partageons pas les choix» et il demande, de plus, à tous ses candidats, encore présents dans des triangulaires, de se maintenir au risque d’augmenter le nombre d’élus du FN.
La droite est déjà assurée d’être la grande gagnante de cette élection, mais encore, certains de ses élus pourraient l’être grâce à des voix de gauche ! En fait, Nicolas Sarkozy espère récupérer des voix d’électeurs de droite qui se seraient dévoyés à l’extrême-droite, d’où ses déclarations répétées contre les repas de substitution dans les cantines scolaires de l’école publique. Ces repas sont proposés aux enfants qui ne mangent pas de porc quand cette viande est au menu. Sont concernés, vous l’aurez compris les enfants juifs et musulmans. Nicolas Sarkozy a déclaré devant les députés de l’UMP: «nous vivons une crise républicaine grave, la République, c’est la laïcité et la laïcité ne doit pas souffrir d’exception. Autre déclaration sur RTL en réponse à la question, d’un parent musulman pratiquant,  sur ces repas «Je ne veux pas que les enfants juifs et les enfants musulmans mangent à des tables séparées, il y a des écoles confessionnelles pour organiser des menus liés à une appartenance religieuse ».

Évidemment les petits musulmans s’intégreront mieux à la République dans des écoles confessionnelles, fussent elles sous contrats, que dans l’école publique. De qui se moque-t-il ?  Quand l’ancien président comprendra t’il qu’entre l’original et la copie, les électeurs influencés par les idées de Marine Le Pen choisiront l’original ?  Sa stratégie du Ni-Ni va renforcer l’enracinement local du FN, elle va lui  permettre  d’élargir son implantation, de former ses militants à la gestion des communes, des conseils généraux, peut-être d’un département ou deux et de disposer, légalement, de moyens financiers plus importants. Après les municipales et les européennes, ces départementales seront une nouvelle étape gagnante, pour Marine Le Pen, dans sa conquête du pouvoir et Nicolas Sarkozy l’aura aidée à la franchir.


1 commentaire:

V a dit…

Il n'est pas sûre que nombre de candidats UMP obéissent au "ni-ni" de Nicolas Sarkosy. Beaucoup d'entre eux arrivés en troisième position se désisteront, comme par exemple dans le Gard où le maire UMP de Nîmes appelle à faire barrage au FN.
Cordialement
Véronique Allouche