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mardi 18 août 2015

L’IRAN N’ENTRE PAS DANS LES PRIORITÉS DE TSAHAL



L’IRAN N’ENTRE PAS DANS LES PRIORITÉS DE TSAHAL


Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

 


            Dans l’ordre des priorités sécuritaires, Tsahal place le Hezbollah en tête de ses menaces. Le chef d’État-major vient de publier un document stratégique précisant sa doctrine pour les cinq prochaines années. Cette «doctrine Eizenkot» écarte dans l’immédiat le danger iranien pour cibler les abords immédiats de la frontière nord. Jusqu’à l’accord de paix avec l’Égypte en 1979, Israël était tenu d’avoir une défense tous azimuts pour faire face aussi bien à une attaque des pays frontaliers mais aussi des pays arabes éloignés comme l’Irak. Ce risque a évolué.



 

Hezbollah et E.I

 

Funérailles du Hezbollah

            À la suite de l’accord nucléaire avec les Américains, l’Iran devrait rester sur la touche jusqu’en 2025 alors que les ennemis les plus virulents d’aujourd’hui sont le Hezbollah et l’État islamique qui campent aux frontières avec Israël. Le Hamas semble pour l’instant rechercher le calme dans la bande de Gaza et jouer la carte pacifique de l’Arabie saoudite. En fait Eizenkot cherche à éviter les conflits plutôt qu’à rechercher la paix. Il se satisfait parfaitement du statu quo qui permet à l’armée d’améliorer sa formation et de développer sa dissuasion auprès des éléments qui développent des menaces extérieures.

Commandos du Hezbollah

            L’Iran n’est pas décrit comme une menace nucléaire mais comme un risque indirect. Il  arme et soutient le Hezbollah, son bras armé au Liban et en Syrie. Pour ce pays éloigné des frontières d’Israël, la seule action prévue reste les actions des services de renseignements, de l’armée de l’air, des forces spéciales et bien sûr des agents du Mossad. 


          Les rumeurs d’une attaque des sites nucléaires iraniens, diffusées par certaines officines, sont pour l’instant sans fondement. On le constate avec la doctrine Eizenkot qui tend à développer des forces sur le terrain pour constituer une ligne de défense mobile, avec des outils de contrôle de haute technologie. Le chef d’État-major n’est plus attaché à maintenir, par principe et coûte que coûte, des populations civiles dans les zones à risque préférant les évacuer jusqu’à ce que «l’ennemi soit éjecté».

          Pour le front nord, le général Eizenkot a déjà défini des centaines de cibles qui seront attaquées en cas de conflit. Le danger s’approche des frontières tandis que l’Iran prépare un nouveau front au Golan pour soulager l’armée de Bachar al-Assad en Syrie. Les renseignements militaires ont détecté des infiltrations de terroristes dans les villages druzes sous juridiction israélienne pour porter le combat à l’intérieur des lignes israéliennes. 

Attaque djihadiste au Golan

            C’est pourquoi Tsahal n’exclue plus d’intervenir en territoire syrien pour éliminer le danger constitué par des terroristes équipés d’armes anti chars, de mitrailleuses et de grenades. Les derniers exercices de l’armée au nord, avec des centaines de combattants de réserve, ont porté sur un scénario d'opérations offensives à l'intérieur du territoire syrien. Israël prévoit une provocation des djihadistes pour impliquer l’État juif dans la guerre civile syrienne. Israël s’attend à ce que l’organisation Al-Nosra, qui avait choisi de ne pas s’attaquer à Israël, soit poussée à entrer en guerre ouverte avec Tsahal.

 

Action d’envergure du Hezbollah

 


             Le général commandant la région nord, Aviv Kohavi, ne croit pas à une action immédiate d’un Hezbollah trop affaibli après par son intervention en Syrie, mais plutôt à une opération simultanée de grande envergure au Liban et en Syrie avec des incidences sur la frontière israélienne. Il s’agit de désenclaver les deux seules zones occupées par l’armée syrienne en les agrandissant. Bachar al-Assad  contrôle la région de Quneitra qui mène à Damas et le village druze Hader au pied du mont Hermon.  Les militants du Hezbollah, à l’exception d’une centaine restée au plateau du Golan pour observer l’évolution des forces, se sont éloignés de la frontière israélienne parce qu’ils avaient pour priorité de consolider leurs positions à la frontière libano-syrienne.                      L’État islamique, qui se trouvait à 70 kms d’Israël, commence à opérer des mouvements pour s’emparer du village druze de Hader, occupé par des habitants qui ont des connexions et de la famille avec ceux des villages druzes israéliens. Par idéologie, les Druzes syriens ont toujours été fidèles au pays où ils vivent. Ils sont donc restés fidèles à la Syrie et ils n’ont jamais reconnu l’annexion du Plateau du Golan par Israël. Certains israéliens les considèrent comme une cinquième colonne capable de rejoindre les ennemis d’Israël dès que l’occasion se présente.

 

Le danger des Druzes syriens

 

            En bombardant le 26 avril 2015 quatre druzes qui ont tenté d’installer des engins explosifs le long de la barrière israélo-syrienne, Tsahal a voulu transmettre un message au Hezbollah et à l’Iran, via les Druzes syriens. La riposte israélienne serait terrible s’ils cherchaient à étendre leurs actions en territoire israélien. C’est aussi un message à l’État islamique qui selon Eizenkot «cherche à imposer la loi islamique à travers le Moyen-Orient, y compris en Israël. Il cherche à épuiser la société israélienne». Enfin c’est un message aux groupes parrainés par l'Iran chargés de l'expansion territoriale pour étendre sa souveraineté à travers le Moyen-Orient.

          Tsahal, qui était réticent à engager des troupes terrestres, a décidé de revoir sa stratégie pour engager ses forces dans des manœuvres défensives et offensives, dans toutes les branches et à tous les niveaux. Il a compris qu’il devait favoriser le développement des capacités offensives de l'armée israélienne, pour les maintenir sur plusieurs fronts et dimensions - sur le sol, dans les airs et en mer - simultanément.

Shaldag

             En d’autres termes, dans la nouvelle stratégie, toutes les forces spéciales seront mises à contribution pour des opérations en profondeur, au-delà des frontières si nécessaire. La pratique de raids à longue distance sera développée, en coordination interarmées. Huit unités spécialisées de commandos sont particulièrement concernées : l’unité Shaldag, rattachée à l’armée de l’air, spécialiste des missions CSAR (recherche et sauvetage au combat) à l'intérieur ou à proximité des zones de combat, l’unité Shayetet-13, commandos marine de la 13me flottille, l’unité Egoz du front nord, l’unité Douvdevan du front centre, l’unité Rotem du front sud, les parachutistes, l’unité Yaalom (génie, sabotage et démolition) et enfin Sayeret Matkal l’unité sous le commandement direct du chef d’État-major pour les missions les plus risquées et les plus importantes.

Sayeret matkal



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