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jeudi 24 septembre 2015

YAÏR LAPID DÉFINIT SA VISION STRATÉGIQUE POUR ISRAËL


YAÏR LAPID DÉFINIT SA VISION STRATÉGIQUE POUR ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Yaïr Lapid, leader du parti centriste Yesh Atid, a prononcé un discours à l’Université Bar Ilan le 20 septembre dans lequel il détaille sa nouvelle vision stratégique pour Israël. Avant d'exposer son projet, il a d’abord particulièrement ciblé Benjamin Netanyahou pour son manque d’influence sur le problème nucléaire iranien et pour sa paralysie sur les négociations avec les Palestiniens.  Il estime que Netanyahou était certes dans son droit de s’opposer au projet d’accord nucléaire mais la méthode utilisée a été désastreuse. Il  a échoué parce qu’il a transformé «l’Iran en acteur central et même pire en acteur légitime». Sa campagne auprès de la Maison Blanche, du Département d’État et du Congrès pour améliorer l’accord a échoué parce que le premier ministre a agi «avec arrogance et brusquerie».


Satellite du parti Républicain

Pourtant la position des États-Unis avait radicalement changé depuis longtemps sans que le gouvernement israélien n’ait infléchi sa politique. Il s’est donc mis à dos le parti démocrate tout en plaçant Israël dans le rôle de «satellite du parti Républicain». Yaïr Lapid reproche à Netanyahou d’avoir «créé une confrontation directe avec l'administration américaine au moment précis où nous avions le plus besoin d’elle». L’échec est d’autant plus grave que Barack Obama n’a pas eu besoin d’imposer son veto face au Congrès et que les gesticulations de Netanyahou ont conduit à ce que «personne ne parle plus des appels de l'Iran à détruire l'État d'Israël».

Yaïr Lapid estime qu’au Cabinet de Sécurité il a été «le premier à mettre en garde que Netanyahou menait une lutte inutile et dangereuse avec l'administration américaine». Il pense que le premier ministre «a divisé la communauté juive américaine, a affaibli considérablement l'AIPAC, le lobby pro-israélien de Washington. Mais le plus important est que le monde arabe est pleinement conscient de cela.  La relation spéciale entre nous et les États-Unis a toujours été une partie de notre force de dissuasion contre les éléments hostiles dans les pays arabes».
Après cette descente en flamme du premier ministre, Yaïr Lapid a explicité les grandes lignes de son projet. Il propose une stratégie globale avec les États-Unis contre l’Iran, «un pays qui tente de se positionner comme une puissance régionale par le terrorisme». Il suggère une «véritable vision globale de la politique étrangère qui ne cherche pas à éviter le conflit israélo-arabe. La poursuite de la situation actuelle avec les Palestiniens menace l'existence de l'État d'Israël en tant qu'État juif». Pour Lapid il ne saurait être question d’absorber 3,5 millions d’Arabes de Gaza et de Cisjordanie en leur donnant le droit de vote aux élections locales avec le risque de voir plusieurs Palestiniens diriger des villes israéliennes.

Plan régional
 
Conseil de Coopération du Golfe
Le plan de Yaïr Lapid est fondé sur plan régional conduisant «à des relations complètes et normales avec le monde arabe et la création d'un État palestinien indépendant démilitarisé aux côtés d'Israël». Cela garantirait le caractère juif de l’État d’Israël. Dans ce cas, Israël pourrait coopérer avec le monde arabe contre la menace du djihad mondial et Daesh en particulier. Il pourrait développer des relations diplomatiques et commerciales avec le monde arabe. L'Arabie Saoudite, l'Égypte, la Jordanie et les États du Golfe ont des intérêts communs avec Israël dans la lutte contre le terrorisme et contre l’Iran. Les États-Unis, la Russie et l'Union européenne sont prêts à agir en médiateurs pour aider à la mise en œuvre du nouvel État palestinien.
Usine de Sorek de dessalement de l'eau de mer

En cas d’accord, Yaïr Lapid est convaincu de l’essor des exportations israéliennes vers les centaines de millions de consommateurs arabes et musulmans, en Indonésie et en Malaisie en particulier. Ces pays ont un grand besoin de haute technologie et d’innovations dans l’agriculture, l’énergie et l’eau. Ce nouveau processus politique pourrait s’enclencher sur la base d’un sommet régional  dont le cadre de la discussion serait l’initiative de paix de l’Arabie saoudite de 2002, réaffirmée à Riyad en 2007.
Pour lui, il ne s’agit pas de parvenir à un accord uniquement avec les Palestiniens mais avec l’ensemble du monde arabe. Certes, il ne cautionne pas toutes les clauses de cette initiative mais «elle peut servir de cadre viable pour des négociations». Il estime que les Saoudiens ont fait preuve de beaucoup de courage en prenant un risque politique et en reconnaissant de fait l’existence de l’État d’Israël.
Ligue Arabe 2002

Mais sur la base des expériences du passé, il ne veut pas «répéter les erreurs de la bande de Gaza». Il n’est pas question que le nouvel État palestinien devienne «une base pour le terrorisme et pour le lancement de roquettes sur Israël». Il exige donc une coordination sécuritaire comme celle qui existe avec la Cisjordanie. Par ailleurs Israël ne doit pas mettre sa sécurité entre des mains étrangères ; Tsahal doit seul assurer la sécurité pour les citoyens d'Israël. 
Il a regretté que du temps où il était ministre des finances, Netanyahou ait rejeté cette idée de sommet régional lorsque Mahmoud Abbas avait rejeté l’initiative Kerry. Il pense que «les dirigeants se trompent constamment sur la capacité de leurs gens à accepter de nouvelles idées». Il s’appuie sur l’Histoire pour conforter son idée et sur les Grands hommes qui l’ont faite : Gandhi, de Klerk, Mandela et Gorbatchev. Les experts et les politiciens avaient échoué à donner à ces personnes suffisamment de crédit.

Statu quo


Yaïr Lapid est convaincu que «les Israéliens et les Palestiniens sont dirigés aujourd'hui par des gens pour qui le statu quo est la mission de leur vie». Sur la question iranienne non plus, Netanyahou n’a pas proposé d’alternative. «Lorsque pendant des années et des années on nous dit qu'il n'y a aucune chance et que rien ne va changer je vous propose un autre chemin qui nous mènera à un endroit différent». Et il rappelle cette journée du 19 novembre 1977 durant laquelle à l’aéroport, à l’arrivée d’Anouar Al-Sadate, attendait sur le tapis rouge «le premier ministre d'Israël, Menahem Begin, un chef de file du camp nationaliste, un homme de droite, mais d'abord un vrai leader qui a su prendre des décisions difficiles».

Pour Yaïr Lapid, il est devenu évident que lorsque les leaders donnent l’orientation à suivre, les citoyens se joignent se joignent à eux : «Nous ne devons pas craindre l'avenir ou le voir comme une menace. Nous avons besoin de créer et de déterminer notre propre destin, de nos propres mains».

3 commentaires:

Elizabeth GARREAULT a dit…

Lapid veut se poser comme le seul chef crédible de l'opposition à Netanyahou. Difficle de le lui reprocher devant l'inexistence d'une véritable opposition. Seul bémol: sa propre crédibilité quand on connait ses positions lors du précédent gouvernement. Il va falloir un peu plus que des belles paroles pour convaincre.

Avraham NATAF a dit…

La question reste; est ce que l'administration Obama a choisit depuis longtemps une politique iranienne et de garder les distances avec Israël

Michel LEVY a dit…

Une vision, c'est ce qui manque le plus à nos politiciens, qui souvent réagissent au coup par coup, qui suivent les événements au lieu de les anticiper.