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lundi 27 juin 2016

Israël va tester les imperfections de jeunesse du F-35



ISRAËL VA TESTER LES IMPERFECTIONS DE JEUNESSE DU F-35

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



Le premier avion F-35 livré par les États-Unis constitue la toute dernière acquisition de Tsahal. Il fait partie du nouvel escadron, formé exclusivement d’avions F-35, qui sera créé en 2019. Ces avions à réaction de la 5ème génération apportent avec eux des améliorations considérables par rapport au F-16I, en particulier dans le domaine de la furtivité et des instruments embarqués. 14 avions doivent être livrés au cours de l'année 2017.



Lieberman à bord du F35

Le Lockheed Martin F-35 est considéré comme le meilleur avion de combat au monde, de nos jours. Il sera le premier avion furtif à servir dans l’armée de l’air israélienne, grâce à ses systèmes actifs et à sa construction originale qui le rendent indétectable face aux radars ennemis et aux systèmes de guerre électronique. Le F-35 a reçu le nom hébreu Ha-Adir, signifie le Grand. Sous beaucoup d’aspects, il représente une version ultra moderne du F-16. Il a été construit comme un aéronef mono réacteur de petite taille. L’élément clé de l’appareil est sa polyvalence : il sera en effet capable d’accomplir n’importe quelle mission de bombardement ou de vol dans de mauvaises conditions météorologiques ainsi que du combat aérien rapproché et des interceptions à longue distance.
Il dispose de meilleures performances que le F-16I pour deux raisons : la furtivité, et les instruments embarqués. La furtivité d’abord, parce que les aéronefs sont indétectables en vol. Cette technologie a longtemps été disponible uniquement pour des avions de plus grande taille et destinés au bombardement, comme le B-2 ou le F-117. L’avancée que représente le F-35 est de pouvoir justement bénéficier de ces technologies de pointe qui permettent aux F-35 de voler à différentes hauteurs sans être détectés par le radar ennemi. Un être invisible dans les cieux. Il est plus précis que le F-16 ou F-15 dans les duels aériens et dans les bombardements contre des positions terrestres.
Radar du F35

Le F-35 marque aussi une avancée considérable dans le domaine des systèmes embarqués. Des senseurs comme les radars, les systèmes infrarouges et le système de guerre électronique sont dorénavant intégrés directement et sont des composants intégraux de l’avion, alors que sur les autres appareils, ces systèmes étaient des éléments additionnels. Avec ces améliorations, les pilotes de l’armée de l’air israélienne auront une vision plus précise et complète, en temps réel, du champ de bataille. Cela leur permettra d’être plus efficaces, et leur donnera tous les avantages pour réussir dans chaque mission qu’ils auront à accomplir.
Le premier avion livré lors d’une cérémonie au Pentagone, en présence du ministre de la défense Avigdor Lieberman, devra accomplir plusieurs tâches. Il servira d’abord à un complément de formation des pilotes dans l'environnement régional après leur stage technique aux États-Unis. Les conditions climatiques et l'exiguïté de l'espace aérien constituent des aspects spécifiques. Il servira aussi aux experts et aux ingénieurs israéliens pour analyser toutes les anomalies de jeunesse de ce nouvel appareil qu’Israël sera seul à détenir au Moyen-Orient.
 Ses qualités exclusives et sa capacité de décoller et d’atterrir verticalement, comme un hélicoptère, et surtout ses systèmes de furtivité les plus avancés au monde font de lui l’avion le plus moderne pouvant concurrencer tous les autres du marché et en particulier le Rafale. En cas de conflit, il pourra s’envoler quels que soient les dégâts infligés aux pistes de décollage. En plus d'ajouter ses propres éléments électroniques, Israël aura aussi pour tâche de détecter, à l'usage, les éventuelles problèmes de conception avec l'aide de ses pilotes et ingénieurs. 
Avec un rayon d’action de 2.400 km, le F-35 peut transporter jusqu’à 8.200 kg d’armements. L’un des problèmes rencontrés pendant la construction, et a priori résolu, a été l’impossibilité de décoller verticalement avec des armes ou des réservoirs auxiliaires ce qui peut sembler une lacune pour un avion de combat. Israël devra tester la version logicielle utilisable lors de combats pour s’assurer de la maturité des équipements embarqués. Il existe un doute sur les réservoirs de carburant, installés sur les ailes, qui risquent de prendre feu ou d’exploser lors d’une mission de combat. Il reste surtout à prouver que l'avion est efficace sur le plan opérationnel et qu’il est adapté à tout type d'opération de combat en situation réelle. Le système de siège éjectable est pour l'instant susceptible de blesser gravement un pilote pesant moins de 75 kg.
Le logiciel du système avionique et du système d’armement, qui comporte plus de 8 millions de lignes de code, devra être totalement expurgé de ses éventuels «bugs informatiques». Enfin, la société israélienne Elbit a conçu un casque spécial pour les pilotes qui s’avère être trop grand puisqu'il limite les mouvements de tête des pilotes dans le cockpit.
Casque Elbit

Deux années ne seront pas de trop pour assimiler totalement ce type de monstre bourré d'informatique. Mais déjà les experts israéliens soulèvent quelques critiques liées à une autonomie inadéquate, un emport d'armement limité et une furtivité perfectible. Mais ce qui les inquiète le plus est la trop forte dépendance vis-à-vis des Américains qui refusent, pour l’instant, de diffuser les codes sources de l’appareil, entraînant une incapacité pour les Israéliens de modifier la plate-forme pour l'adapter à leurs propres besoins. Cette dépendance est totale pour les moteurs qui devraient être envoyés en Turquie ou aux États-Unis pour être entretenus ou réparés.
Pour l’instant, seuls les F-15 sont considérés comme stratégiques à la défense du pays. L'appareil biréacteur a déjà largement fait ses preuves à l’occasion des différents conflits auxquels Israël a été confronté. Il a de plus une capacité d'emport d'armement qui dépasse largement celle du F-35. Israël envisage de moderniser l’avionique et le radar du F-35 qui n’a pas encore fait ses preuves au combat. Il faudra du temps avant que les avions commandés n’atteignent leur capacité opérationnelle. Si certains Israéliens considèrent l’acquisition des F-35 comme une assurance pour la sécurité du pays, d’autres y voient peut-être l’occasion d’envisager une opération contre l’Iran, à 1.800 km, grâce au rayon d’action du F-35, idéal dans une éventuelle attaque contre les objectifs iraniens, car il peut se soustraire à des systèmes antiaériens.



Israël a toujours servi de testeur des avions américains, et hier des Mirages français. La puissance de son industrie aéronautique et des services informatiques de l’armée sera mise au service du F-35 qui confortera le pays, en 2019, dans sa supériorité face aux armées ennemies. L'usage du F-35 est purement dissuasif, sauf si des avancées politiques internationales ne changent la donne au Moyen-Orient.

6 commentaires:

Georges KABI a dit…

Il y a une chose qui me chiffonne: le cout extravagant de cet appareil qui ne serait utilise que durant des combats traditionnels. Nous avons reduit l'importance de nos troupes blindees, de l'artillerie lourde, mais l'aviation reste la derniere vache sacree du systeme de defense d'Israel. On se demande bien pourquoi, sachant que mis a part l'Iran (et il faudrait pouvoir le prouver), Israel ne fait face a aucune menace strategique.

François GUTHMANN a dit…

"Israel ne fait face a aucune menace stratégique" Georges c'est vrai aujourd'hui mais il faut toujours être pro actif en matière de prospective et rien ne dit que les choses ne bougeront pas à court terme dans cette 'Orient compliqué vers lequel Charles De Gaule volait avec des idées simples' ;-)

Arie AVIDOR a dit…

Le F35 i ("Adir") comporte une partie des systèmes de navigation et des systèmes d'armes "made In Israel" qui ont bénéficié des retours d'expérience sur les générations précédentes d'avion US en service dans l'aviation de Tsahal. Espérons que ça évitera de devoir essuyer les plâtres ...

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Oula, oula ! "Le meilleur avion de combat du monde" dont il faudra pourtant "analyser toutes les anomalies de jeunesse" ! Cela donne envie de se pencher sur la question, de chercher un peu. Et j'ai justement trouvé ce Bill French, analyste qui s'est fendu d'un rapport consacré au F-35, pour la National Security Network, intitulé : "Thunder without Lightning" et sous-titré : "The High Costs and Limited Benefits of the F-35 Program". Où il explique carrément, à ce que j'ai compris, que l'avion américain F-35 a des capacités réduites comparé aux avions de chasse russes de quatrième génération MiG-29 et SU-27.
Mais allez lire, vous en aurez pour votre argent, contrairement de à ce qu'il paraît avec le F-35 :

http://nsnetwork.org/cms/assets/uploads/2015/08/F-35_FINAL.pdf

Très cordialement.

Jacques BENILLOUCHE a dit…

Chère Marianne,

C'est justement ce que j'ai écrit. C'est le meilleur avion de combat car c'est le seul "furtif" pour l'instant, c'est-à-dire non détectable par les radars. Cela implique quelques lacunes que les Israéliens vont tenter de combler. Nul n'est parfait.

Bernard MEYER a dit…

Si pour l'instant nous sommes les seuls à avoir ce F35 c'est tout simplement que les américains savent qu'Israel va tester ces appareils en interventions réelles. Et finir le travail face à l'Iran à leur place. Pour le prix Nobel de la paix américain n'est ce pas le meilleur moyen de vendre son armement !!!
Vivement le F36......
Bernard Meyer