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mardi 25 avril 2017

Tsahal confirme l'implication du commandement syrien dans l'attaque chimique



TSAHAL CONFIRME L’IMPLICATION DU COMMANDEMENT SYRIEN DANS L’ATTAQUE CHIMIQUE

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps


           
          
          Les services de renseignements israéliens viennent de révéler que l’attaque au gaz sarin perpétrée à Idlib, qui a fait plus de 100 morts, été planifiée et autorisée par des officiers supérieurs syriens, avec la caution totale du président Bachar el-Assad. Un haut officier de Tsahal a confirmé cette attaque, photos aériennes et satellitaires à l’appui, à l’occasion d’une conférence de presse en comité réduit. Selon lui, les derniers succès militaires, qui ont permis la reprise de territoires à l’ouest de la Syrie, ont redoré le blason du président qui s’est trouvé libéré dans son action politique et militaire au point d'imposer des initiatives de la part de son État-major.



FNUOD

            Israël avait exigé des Nations Unies que la FNUOD (Force des Nations Unies chargée d'observer le désengagement) soit redéployée sur les hauteurs du Golan. En effet les observateurs de l’ONU ont été systématiquement chassés par les islamistes qui ont pris position à la frontière d’Israël, dans la partie centrale et au nord. L’officier de Tsahal a expliqué que «à notre avis, cela est important pour la mise en œuvre de l'accord d'armistice signé en 1974. Le redéploiement de la FNUOD sur les hauteurs de Golan est un objectif que nous avons fixé. À l'heure actuelle, la situation est à l'arrêt, et le statu quo concernant un arrangement est maintenu tel quel, même dans les villages syriens sur le Golan».
Raid israélien en Syrie

            Tsahal a confirmé sa politique visant à interdire toute contrebande d’armes à destination du Hezbollah au Liban, sachant que l’incident du missile tiré contre l’aviation israélienne ne modifiera pas sa stratégie d’un iota. D’ailleurs le réseau d'Al-Jazzera a annoncé qu’Israël avait attaqué le 22 avril une base militaire appartenant au régime syrien à la périphérie de Quneitra. L’État-major a justifié la neutralité d’Israël après l’attaque au gaz sarin en précisant qu’il était certes préoccupé par ces crimes mais que : «partout où les superpuissances opèrent militairement et assument leur responsabilité, nous ne devrions pas intervenir, mais nous devons en revanche diffuser les informations de nos services de renseignements et continuer à fournir une aide humanitaire aux blessés syriens sur le Golan».

            En plus des renseignements obtenus par ses services, Tsahal a analysé les révélations du général syrien, Zaher al-Sakat, qui fut le chef de la guerre chimique dans la puissante 5ème division de l'armée jusqu'à sa défection en 2013. Il a confirmé l’existence de centaines de tonnes de produits chimiques encore détenues par Assad qui avait réussi à tromper les inspecteurs et les experts des Nations Unis.  L’accord signé en 2014 avec l’OIAC (Organisation des Nations Unies pour l'interdiction des armes chimiques) a permis au président syrien d’éviter les frappes militaires américaines et à Barack Obama de se glorifier que «l'un des plus grands stocks d'armes chimiques au monde a été éliminé à 100%» ce qui s’est avéré inexact. 
          Pour le général al-Sakat, le stock réel de gaz détourné des yeux des contrôleurs représentait au moins 2.000 tonnes. Ce stock non divulgué avait été camouflé à l’intérieur de bombes aériennes et d’ogives chimiques pour missiles Scud. Il a déclaré que ces tonnes de produits chimiques avaient été transportées vers les montagnes fortement fortifiées à l'extérieur de Homs et vers la ville côtière de Jableh, près de Tartus, où les Syriens et les Russes ont leur plus grande base militaire.
            Le gouvernement syrien avait refusé à maintes reprises de bombarder Khan Sheikhoun avec des produits chimiques, sous prétexte que ses frappes aériennes touchaient un entrepôt utilisé par l'opposition pour stocker des matériaux toxiques. Al-Sakat a confirmé que seul le chef de l'armée, à savoir Assad, a le pouvoir de commander des attaques de gaz nerveux en raison des retombées potentielles. Cependant, ceux qui impliquent du chlore et d'autres produits chimiques moins mortels peuvent être autorisés par des hauts commandants locaux, en particulier ceux de la mouvance Alaouite. 
            Le général Al-Sakat a révélé qu’au temps où il officiait à l'armée, son commandant le général Ali Hassan Amar, lui avait ordonné personnellement de mener trois attaques chimiques. Elles ont eu lieu en octobre 2012 sur la ville méridionale de Sheikh Maskeen, en décembre 2012 à proximité d'Harak, et en janvier 2013 à Busra al-Harir, des zones qui manifestaient ouvertement leur opposition à Assad. La punition avait pour but de «réorienter les esprits de ces gens». Il avait reçu ordre de préparer le phosgène qui, à des concentrations élevées, endommage les poumons en quelques secondes et cause la mort par suffocation. Mais il avait réussi en cachette à modifier le dosage avec de l'eau et de l'eau de javel dilué pour limiter les dommages réels.
Hezbollah en Syrie

            Assad avait décidé d’utiliser les quelques tonnes de gaz sarin détournées afin de surmonter sa frustration et d’une certaine façon sa mauvaise humeur, sinon sa détresse.  Il voulait marquer sa déception que ni le Hezbollah, ni les Russes et ni les Iraniens n’aient accepté de faire intervenir leurs troupes au sol pour lui venir en aide. Il a donc marqué le coup à sa façon.  Il s’étonnait d'ailleurs que 5.000 miliciens de Daesh arrivaient à tenir tête à une coalition de 56.000 soldats.
Blessés syriens soignés en Israël

            Tsahal n’envisage aucune intervention militaire mais est en revanche prêt à intervenir en médiateur auprès de certains éléments syriens car il est convaincu que la seule solution possible passe par un démembrement de la Syrie sur une base ethnique, à l’image de ce qui s’est fait dans les Balkans. D’une certaine manière il prône de revenir à la situation prévalant avant les accords secrets de Sykes-Picot, signés le 16 mai 1916.

            L’officier israélien a rassuré son auditoire sur les mesures arrêtées avec la Russie pour éviter tout malentendu militaire. Il a même précisé qu’un mécanisme similaire de contacts avait été adopté avec la Jordanie, les États-Unis et la Turquie qui opèrent aussi en Syrie. Les chefs des divisions opérationnelles des forces armées russes et israéliennes se rencontrent tous les deux mois pour faire le point militaire. Les États-Unis informent de manière systématique le chef d’État-major Gadi Eizenkot et le conseiller militaire de Netanyahou, Eliezer Toledano, sur leurs manœuvres en Syrie et récemment, deux heures avant les tirs de représailles contre l’armée d’Assad. 
            Le sujet brûlant du Hezbollah ne pouvait pas être ignoré car il conditionne la situation à la frontière Nord. Son réarmement par l’Iran engendre un risque de déflagration. L’officier israélien a donné sa version du non-remplacement du successeur de Mustapha Badredine, chef militaire, tué mystérieusement dans la nuit du 12 au 13 mai 2016 près de l'aéroport de Damas, à la suite d’une frappe aérienne attribuée à Israël mais démentie et non revendiquée : «L’histoire était très claire. Elle reflète la crise et les questions difficiles qui se sont posées au Hezbollah, car Badredine a été éliminé quelques minutes seulement après avoir quitté Qasem Soleimani, chef de la Force iranienne al-Qods, division des Gardiens de la Révolution islamique, responsable des opérations extérieures. Badredine était un commandant indépendant et très puissant. Son élimination a créé des problèmes de commandement et de contrôle au sein de l'organisation. Nasrallah a une bonne compréhension stratégique, mais aucune connaissance dans le commandement réel des forces militaires. L'Iran, pour sa part, a perdu son hégémonie en Syrie, remplacé par une hégémonie russe».
Badredine

            Le Hezbollah chiite libanais avait annoncé que la mort de son commandant militaire en chef en Syrie, également bras droit de Hassan Nasrallah, était due à un «bombardement d'artillerie mené par les groupes takfiris», en référence aux groupes djihadistes ou islamistes radicaux sunnites. Mais sa mort reste un mystère car les commanditaires ne sont pas encore retrouvés. 

            Tsahal a aussi abordé les développements dans la région Sud d’Israël sachant que l'Iran continue de soutenir le Hamas en l’aidant financièrement à coups de 70 millions de dollars par an, entièrement investis dans les projets militaires alors que la population souffre : «Dans notre estimation, notre projet d'ériger un nouveau système d'obstacle contre les tunnels ne conduira pas le Hamas à envenimer la situation. La récente nomination de l’extrémiste Yahya Sinwar en tant que chef du Hamas a créé une nouvelle réalité qui a ôté toute séparation entre le leadership civil et le leadership militaire au sein du Hamas». Cela pourrait faciliter le pragmatisme.
            Le terrorisme palestinien a été traité avec inquiétude car le contexte a évolué depuis les précédentes attaques. Sur sept Israéliens assassinés depuis le début de cette année, six ont été tués par des terroristes possédant la nationalité israélienne, c’est-à-dire n’habitant pas les territoires. Si l’existence d’une frontière étanche avec la Cisjordanie revêt un côté positif, il en va autrement de l’implication d’Arabes israéliens dans les attentats. Tsahal a donc envisagé une nouvelle stratégie pour les forces de l’ordre qui doivent à présent se pencher sur la situation interne de certains villages arabes israéliens contaminés par la lèpre terroriste.
Eizenkot et les Golanis

            Tsahal a précisé qu’il est tenu de faire face à toute éventualité d’une guerre prochaine, même si elle lui paraît improbable dans l’immédiat.  En revanche, les forces régulières terrestres, brigades d'infanterie Golani, Parachutistes et Givati, auront dorénavant une activité opérationnelle scindée en deux parties d’égale intérêt et d’égale durée. Les activités opérationnelles occuperont la moitié du temps tandis que l’autre moitié sera consacrée à la formation pour adapter la technique à l’évolution des risques internes et des situations politiques : «Nous allons combler les lacunes de sécurité de routine en utilisant les forces réservistes. Tsahal a atteint un niveau record en ce qui concerne l’armement guidé de précision».

            Enfin, le développement du terrorisme international a conduit Tsahal à impliquer de plus en plus l’armée pour la défense des frontières certes, mais aussi pour la défense des citoyens civils. Les échanges existants avec de nombreuses armées étrangères permettront de mettre sur pied un embryon de défense internationale contre les islamistes radicaux. L’accroissement des attentats en France incite à une collaboration étroite avec les services français, de manière plus ouverte et moins discrète.

1 commentaire:

andre a dit…

Intéressant et documenté. Mais on s'y perd entre les Hezbollah, le Hamas, les Takfiris..dans ce panier de crabes .La Syrie en 5 morceaux , c'était avant Sykes Picot et ce sera la solution pour l'avenir .
André M
Tribune juive