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jeudi 7 septembre 2017

Impatiente, la France est ingouvernable



IMPATIENTE, LA FRANCE EST INGOUVERNABLE 


Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps

            
Une assemblée presque vide

          La situation semble inextricable en France car il devient difficile d'appliquer une réforme sans susciter des remous et des blocages. Parce que le Parlement est constitué de godillots, donc faible, il ne dispose d’aucun pouvoir réel face au gouvernement et surtout face au Président. Certains pourraient se poser la question sérieuse de l’intérêt de l’institution parlementaire. C’est d’ailleurs pour cela qu’une réforme réduisant à 400 le nombre des députés (actuellement au nombre de 577) est prévue en 2018 sans que cela ne mène à une grande contestation. Elle réduira les coûts administratifs et ne prêtera pas à conséquence sur le plan démocratique.



Manifestation à Paris 

            Les décisions ne se négocient plus dans l’hémicycle ou dans les ministères mais dans le secret des commissions parlementaires. Or certains extrémistes voudraient bien que la rue arbitre en permanence. Les syndicats, trop nombreux pour être efficaces sont plus occupés à se faire la guerre qu’à défendre les intérêts des salariés. Ils disposent d’un pouvoir démesuré par rapport à leur nombre d’adhérents. Ils ne défendent plus les intérêts du pays mais ceux d’un clan. Pourtant le pays, comme toutes les démocraties, a besoin de réformes pour éviter d’accumuler un retard qui ne cesse de se creuser, au fil des années, à coups de passivité, de reculade, d’inertie et de stagnation. La France, impatiente, est devenue un pays ingouvernable.
            Lorsque Benjamin Netanyahou était entré au gouvernement Sharon, comme ministre des finances en 2002, l’économie israélienne était désespérée. Au bout de trois ans, elle a rivalisé avec celle des Grands. Le ministre a certes axé ses coups contre les plus démunis et les plus fragiles avec sa politique ultra-libérale. Les impôts ont été augmentés et les retraites allongées jusqu’à l’âge de 67 ans. Mais les Israéliens n’ont pas bougé. Ils souhaitaient peut-être le faire mais ils étaient en adéquation avec leur décision de porter la droite au pouvoir. Ils ne pouvaient pas se contredire dans leur propre choix.
            Les Français n'ont pas adopté la même philosophie. La fonction essentielle du bulletin de vote est de choisir puis d’attendre les résultats en les sanctionnant le cas échéant au scrutin suivant. Cette attitude peut être taxée d’angélique mais elle dénote plutôt une certaine maturité politique. Les Français élisent leur président avec une majorité confortable, désignent une Assemblée ultra-majoritaire pour l’aider dans sa tâche mais ils empêchent le gouvernement, qui en est issu, de réaliser le programme pour lequel il a été élu. La France est ingouvernable.


            Le paradoxe tient au fait que les sondages mènent le bal et que l’impatience créé les déceptions. Tout président, tout gouvernement, a besoin de temps, de temps pour s’organiser, de temps pour préparer ses lois après concertation avec les partenaires sociaux, de temps pour publier les décrets d'application compte tenu de la lourdeur administrative. Alors sitôt élu, trois mois à peine, le Président déçoit parce que les Français pensaient toucher immédiatement les dividendes de leur vote. C’est purement une méconnaissance des rouages politiques et administratifs. Alors ils râlent et ils contestent parce qu'ils se sentent roulés. La France est ingouvernable.
10 décembre 1995

            Une certaine morosité règne dans les esprits alors que la France est un pays riche, avec de multiples ressorts économiques qui doivent permettre de surmonter une période difficile. La résignation a envahi tous les secteurs de la population.
            Le président, élu pour cinq ans, dispose d'un pouvoir démesuré et d’une majorité au parlement qui explose au fil du temps et pour cause. François Hollande avait berné tout son monde, même ceux qui avaient voté pour lui avec l’espoir qu’il améliore la condition des Français. On pensait qu’il s’était préparé à sa fonction et que son parti avait concocté des dossiers de réformes pendant tout le temps où il était dans l’opposition, tandis que la droite gouvernait. Rien n’était prêt. La réforme fiscale, la réforme du travail, la réforme de l'entreprise, la réforme de l'administration et la réforme des universités ont été à peine abordées. Le gouvernement avançait les yeux bandés avec le seul objectif de ne pas faire de vagues. Alors il n'a rien fait. 
          C’est à se demander pourquoi les énarques qui envahissent les ministères ont pu être aussi nuls. Un simple patron de PME en sait plus qu’eux et dispose de plus de méthodes parce qu’il vit tous les jours la réalité du terrain et la réalité des hommes. Et pourtant tout est à réformer dans le pays, souvent dans la douleur. Mais si l’on ne tranche pas dans le vif, la situation perdurera ad vitam aeternam.

Technion à Haifa

            Le chômage est la tare du pays. Il fait fuir de nombreux cerveaux à l’étranger. Et pourtant on pourrait s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, dans les pays occidentaux modernes en matière d’éducation et de formation. Les universités perdent le tiers de leurs élèves dès la première année parce qu’on y interdit la sélection à l’entrée, une sélection non pas pour brimer mais pour orienter au mieux. Aux États-Unis et en Israël, le baccalauréat n’existe pas en tant que tel ou représente simplement un certificat de fin d’études secondaires qui ne donne pas, comme en France, un droit automatique  à l’entrée dans les universités. Le bac offert à 87% des élèves s’est dévalorisé au fil du temps. Pour éviter les échecs en cours d’études, dans ces deux pays, le SAT (test d'aptitude pour accéder à l'enseignement supérieur) attribue une note qui vise à mesurer la capacité de compréhension et de logique. Ce repère permet à toutes les universités d'évaluer le niveau global de chaque étudiant.

            Le SAT (Scholastic Assessment Test) n’est pas un test de connaissance mais une méthode qui permet de donner un score compris entre 200 et 800. Il est divisé en trois sections majeures : l'analyse de texte, la rédaction et les mathématiques. Il ne s’agit pas de vérifier le niveau du savoir mais d’évaluer les capacités de compréhension et d'analyse, utiles tout au long des études et de la carrière professionnelle. Chaque université définit les conditions d’admission de ses élèves. Ainsi en Israël, le Technion, et aux États-Unis, l’université Princeton, exigent au minimum une note de 760 au SAT.
            En France les étudiants cumulent les échecs puisque 30% d’entre eux abandonnent dès la première année parce que la liberté d’accès est offerte à tous les détenteurs d’un bac dévalué. Les Grandes Écoles constituent cependant une exception avec le principe du concours d'entrée qui est une véritable sélection. L’enseignement français n’est pas en cause, il est l’un des meilleurs du monde mais les études ne sont pas récompensées. 


          Les diplômés-docteurs sont payés au smic et fuient vers les laboratoires outre-Atlantique. Les Grandes Écoles génèrent une élite qui choisit elle aussi l’étranger car la valeur personnelle y est mieux rémunérée et l’ascension plus rapide. Les courageux qui veulent se lancer dans la création d’une startup ne sont pas encouragés financièrement alors que les aides en Israël et aux États-Unis sont conséquentes. 
         En fait, l’université française forme des chômeurs ou des jeunes n’ayant aucun débouché concret sur le marché du travail. Alors quand le gouvernement parle de retraite, ceux qui recherchent un travail se tiennent les côtes. Les gouvernements, sans exception, de droite comme de gauche, n’ont apporté aucune solution pour résorber le chômage parce qu'il faut prendre des mesures difficiles et courageuses.
            La sécurité sociale augmente tous les ans son déficit abyssal parce qu’aucune solution ne peut être envisagée sans que les laboratoires refusent de baisser le prix des médicaments, sans que les médecins rouspètent pour leurs honoraires, sans que les mutuelles ne se rebellent pour la baisse de leur profit ou sans que les salariés et les entreprises ne s’opposent aux hausses des cotisations. La France reste ingouvernable.

Sharon  et Netanyahou

            Lorsque Benjamin Netanyahou était entré au gouvernement Sharon comme ministre des finances en 2002, l’économie israélienne était désespérée. Au bout de trois ans, elle a rivalisé avec celle des Grands. Le ministre a certes axé ses coups contre les plus démunis et les plus fragiles avec sa politique ultra-libérale. Les impôts ont été augmentés et les départs à la retraite ont été reportés jusqu’à l’âge de 67 ans.
          Mais les Israéliens ont voulu juger sur pièces et n’ont pas bougé dans l'attente des résultats. Les syndicats ont cautionné les mesures prises. Le peuple s’est trouvé en adéquation avec sa décision de porter la droite au pouvoir. Il a voté pour elle et il ne pouvait pas se contredire dans son propre choix. Seul bémol, Netanyahou a certes réussi, l'économie israélienne va bien mais pas la population qui a peu bénéficié de l'essor économique puisque l'on compte plus de deux millions de pauvres tandis que les classes moyennes souffrent d'une baisse du pouvoir d’achat.  


            Les Français ont voté en masse pour un régime mais ils ont déjà regretté au bout de trois mois parce que les changements ne se concrétisent pas et qu’ils attendent tout de l’État. Ils manquent de patience parce qu'ils ignorent que l'horloge politique est particulière. La fonction essentielle du bulletin de vote est pourtant de choisir puis de laisser le temps pour attendre les résultats en les sanctionnant le cas échéant au scrutin suivant. Cette attitude peut être taxée d’angélique mais elle dénote plutôt une certaine maturité politique. Or les Français élisent leur président, lui offrent une majorité confortable, mais ils ne lui laissent pas de temps, ou empêchent le gouvernement qui en est issu, de réaliser le programme pour lequel il a été élu. La France est ingouvernable.
            Parce que la France n’était pas gouvernée sous François Hollande ou faisait du surplace, les Français en étaient arrivés à souhaiter un gouvernement fort, capable de ne pas agir au son des slogans des manifestants, qui sache s’opposer aux perturbateurs et qui ne soit pas une girouette. La Droite de Fillon, avec ses projets radicaux, était sur le point de changer le logiciel de la gouvernance. Mais elle s’est effondrée face au poteau d’arrivée.
            Emmanuel Macron est alors arrivé en sauveur en annonçant ne pas accepter un pays d’assistés qui ne veulent pas prendre leur sort en main. Il a remué les foules, il a donné de l’espoir à ceux qui étaient désespérés. Mais trois mois après son arrivée, lui et son premier ministre Edouard Philippe sont devenus impopulaires parce que les attentes ont été déçues par manque de résulats concrets immédiats. Mais ceux qui pensent que les réformes donnent des résultats immédiats sont incultes politiquement. 
          En tout état de cause, les Français ont signé pour cinq ans avec le président et sa majorité et ils doivent se résigner à cette durée démocratique. Personne ne pourra s'opposer à cette durée législative. Si Macron réussit, il sera réélu sinon l’opposition prendra la suite dans une sorte de tourbillon perpétuel. Comment peut-on faire pour que la France soit gouvernable ?
 


2 commentaires:

V. Jabeau a dit…

Cet article, comment la plupart de vous, est intéressant, cependant il y a des redites de phrases ou paragraphes entiers qui donnent à penser que vous ne vous relisez pas et n'avez pas de plan clair, et ce n'est pas la première fois. J'apprécie que vous travaillez dans l'urgence, avez-vous une relecture extérieure critique et constructive ?

Jacques BENILLOUCHE a dit…

J'ai fait relire mon texte mais on ne trouve vraiment pas de redites. Merci de m'en signaler au moins une à corriger.