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vendredi 23 décembre 2011

KOL-ISRAEL : LES RELATIONS FRANCO-TURQUES



KOL-ISRAEL : LES RELATIONS FRANCO-TURQUES

Par Jacques BENILLOUCHE


KOL-ISRAEL : JOURNAL DU 23 DECEMBRE 2011
Jacques BENILLOUCHE

au micro de

Maurice IFERGAN

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La question arménienne n’est pas la seule pomme de discorde entre Paris et Ankara puisque les turcs ont reproché aux français de s’opposer à leur entrée dans l’Union européenne.

Approche électoraliste

À plusieurs reprises, le ton est monté entre les deux pays sans prendre cependant les proportions irréversibles d’aujourd’hui. La dernière visite de Nicolas Sarkozy en Turquie avait été glaciale car Tayyip Erdogan , le premier ministre turc, avait déclaré juste avant l’arrivée du président français le 24 février : «Je pense que ce n’est pas une visite à la hauteur de l’amitié entre la France et la Turquie. l’Union européenne a besoin de la Turquie, la Turquie a besoin de l’Union européenne.» Nicolas Sarkozy lui avait répondu dans une interview à un journal turc : «Je reste convaincu que la Turquie et l’UE doivent entretenir des relations aussi étroites que possible, sans aller jusqu’à l’intégration, qui ne profiterait en réalité ni à la Turquie, ni à l’Union européenne».

La décision de proposer subitement une loi prévoyant la pénalisation de «la contestation de l’existence du génocide arménien de 1915» trouve ses origines dans la proximité des élections législatives et présidentielles de 2012. L’UMP cherche à draguer les voix du demi million d’arméniens vivant en France. D’ailleurs c’est à bon escient que  Nicolas Sarkozy s’était rendu à Erevan en clamant qu’il «était  désormais en faveur d’une telle loi ».

Entrave à la liberté d’expression

Cette loi est contestée de tous bords en France, par les intellectuels et les parlementaires en particulier. Le 13 décembre 2005, dix-neuf historiens français avaient signé la déclaration «Liberté pour l’histoire» où ils marquaient leur opposition à de telles lois mémorielles car elles risquaient d’entraver à la liberté d’expression face à l’ingérence de la politique dans l’Histoire. «Il n’appartient pas au Parlement de qualifier le passé», disaient-ils.

Les parlementaires sont encore allés plus loin. Le président de l’Assemblée nationale, M. Bernard Accoyer, a statué que l’article 34 de la Constitution ne permet pas de légiférer sur des événements historiques car la liberté de pensée et d’expression serait violée. Il était persuadé que le travail des enseignants et des chercheurs serait limité et que la science historique, qui a pour rôle d’éclairer le passé, serait entravée. Le parlement ne peut pas s’ériger en «juge de la conscience universelle ».

Conséquences

La Turquie a immédiatement annoncé des mesures de représailles à l’encontre de la coopération politique et militaire avec la France. Tayyip Erdogan a décidé de bloquer toute demande militaire française «d'utiliser son espace aérien et d’autoriser les bâtiments de guerre français à visiter les ports turcs».

Sur le plan politique, elle met aussi fin au dialogue étroit noué sur la Syrie pour essayer de débloquer une situation conflictuelle dans la région. Les bonnes relations entre Bassar Al-Assad et le premier ministre turc pouvait permettre une issue favorable au peuple syrien. La France s’était engagée à œuvrer pour la paix mais la brouille avec la Turquie met fin à ces espoirs.

          Sur le plan économique, l’échange de produits manufacturé ne sera pas affecté car les lois de l’union douanière s’imposent entre les deux pays. Le volume bilatéral des échanges, qui s’élevait à 12 milliards d’euros en 2010 restera stable. En revanche l’avenir de nouveaux contrats est compromis.

Difficultés militaires


           Les entreprises françaises risquent d’être mises sur liste noire : Gaz de France, Sodexho avec la restauration collective, Areva et ses centrales nucléaires civiles. Il est difficile de croire à un blocage brutal des échange car la France est le cinquième partenaire économique de la Turquie et le troisième investisseur étranger dans le pays.

En revanche la mauvaise humeur de la Turquie pourrait influer sur ses capacités militaires. Elle vient de rompre définitivement les négociations avec le groupe électronique Thalès qui avait été chargé de l’installation de systèmes de navigation moderne sur les avions F-16 pour un montant de 200 millions de dollars. La société française devait améliorer la protection antimissile pour améliorer les mesures de guerre électronique. Un autre projet risque de battre de l’aile puisque cet embargo annulerait le contrat de 350 millions de dollars dans le cadre le l’équipement de 9 avions patrouilleurs maritimes CN-325 par Thalès.

Au moment où la guerre s’intensifie avec les kurdes, la Turquie vient de perdre deux de ses principaux fournisseurs d’armement : Israël et la France.  Le ministère israélien de la Défense a annoncé le 22 décembre aux Industries aéronautiques israéliennes (IAI) et à la société Elbit qu'elles doivent suspendre un accord pour la fourniture de système de renseignements à l'armée de l'air turque, sur instruction de l'échelon politique. Le montant du contrat était de 140 millions de dollars.  La Turquie devra donc se tourner vers d’autres fournisseurs militaires tandis que les Etats-Unis, qui observent avec intérêt l’évolution de la situation touchant son principal allié au Moyen-Orient, devra trouver une solution de rechange qui satisfasse tous les protagonistes.

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